Le mariage est un lien sacré, ou mieux, un serment de vivre dans le bonheur et dans le malheur que l’on ose croire. Et pourtant, c’est un mystère que seuls ceux qui sont dans son sillage peuvent le décrire. Un enfer pour les uns et un fait méprisant pour d’autres, celles ont veulent rester anonymes, Femme d’Afrique est partie à la rencontre de trois femmes qui ont accepté de témoigner leur calvaire subi dans leur mariage. Loin des habitudes de ce cliché Novelas ou au rêve à la Cendrillon au prince charmant, la vie n’est pas toujours rose, dirait-on. Ces femmes ont brisé le silence afin de dénoncer certaines pratiques qui restent moins décriées dans nos sociétés.
« J’ai été violée par mon mari »
Après vingt ans de mariage, Solange ne savait pas que son mari le violait : « J’ai été violée à plusieurs reprises par mon mari… (Suffoque-t-elle dans ses narines). Il me forçait de coucher avec lui lorsque je ne me sentais pas en forme. Et quand j’essayais de lui signifier mon indisponibilité, il me frappait. Je me suis mariée avec lui sans mon consentement. C’est à vingt ans que j’étais forcée par mes parents, au village à me marier à cet homme devenu mon mari. Ce dernier avait quarante ans. Aujourd’hui, je totalise cinquante ans, mère de cinq enfants. Mon mari n’est plus de ce monde, il est donc décédé il y a de cela huit ans.
J’ai été invitée dans un forum des femmes dont la thématique se déclinait comme suit : « Non aux harcèlements et aux violences faites à la femme ». C’est après cet échange que j’ai su que j’étais violée à plusieurs reprises par mon défunt époux.
« Je ne suis plus son sac de boxe »
Tous les coups lui étaient permis sans aucune restriction. Lorsque j’essayais d’expliquer à mes parents comment mon mari me frappait sans avoir pitié à mon égard, ils me disaient : « c’est ton mari, tu lui dois du respect et de la soumission ». Quant à ma mère, elle martelait plus sur le fondement du mariage. Elle me disait : « Ma fille, le mariage n’est pas une chose facile, il faut avoir un grand cœur ». J’avais une fille de sept ans, il est arrivé un certain moment que je ne parvenais plus à concevoir. C’était du cauchemar. Mon mari me trichait au vu de tous, il amenait ses bordelles à la maison. Et si j’osais exprimer mon ras-le-bol, il me tabassait sans pitié… (Pleure-t-elle en se souvenant). Dieu m’a fait grâce, je suis tombée enceinte. En huit mois de grossesse, nous avons eu une grande dispute entre moi et mon époux, j’ai essayé de me défendre en lui expliquant… c’était le 15 janvier 2018. Il m’a frappé à l’agonie jusqu’à ce je ne me rappelais plus de la séquence des faits. Je me suis retrouvée à l’hôpital et j’avais perdu mon bébé. J’avais peur de ce que diront les gens si je divorçais, j’avais peur de ce que les autres me définiront après mon divorce. C’est ainsi que j’ai passé plus de dix ans dans ce mariage. Après avoir perdu mon bébé, mon deuxième enfant dans la nuit du 15 janvier, je me suis décidée de rompre avec cette relation. Je ne suis plus son sac de boxe, ni pour lui, ni pour toute autre personne ».
« J’ai tout perdu, je n’ai que mes trois filles »
Un mariage de vingt-cinq ans, je suis une mère de trois jeunes filles. Épouse d’un militaire qui est devenu un blessé de guerre, une personne vivant avec handicap. Ma première fille avait douze ans lorsque mon mari est parti à Kitona en 1997. Son retour à Kinshasa était très choquant pour toute la famille. Il ne parvenait plus à marcher, il avait reçu deux coups de balle au pied gauche, il avait subi deux opérations chirurgicales. C’était fatal, on lui devait de soins appropriés qui nécessitaient des moyens et un bon suivi médical. Mon mari est resté plusieurs années sans marcher. J’ai élevé seule mes trois filles. A son décès, ma belle-famille m’a renié avec mes trois filles. Elle m’a chassé de la maison, et a tout pris. Et lorsque ma famille voulait ester en justice contre cette belle- famille, j’avais reçu des menaces obscures, j’ai failli perdre ma troisième fille. C’est ainsi que j’ai arrêté les poursuites judiciaires. Ce n’était pas facile de tourner la page. Aujourd’hui, j’ai 45 ans et je n’aspire plus au mariage. J’en suis dégoutée.