Parmi tant de créatrices de mode évoluant à Kinshasa, la jeune Lydie Okosa fait la différence. La dose de créativité assortie de l’imagination sans limite qu’elle met dans son travail, la particularise du commun des modélistes. Sa technicité dans le domaine de la mode est à la fois singulière et personnalisée. Sa nouvelle collection « LFG Cubisme» s’inspire de la révolution artistique et vestimentaire du 20ème siècle amenée par le célèbre peintre italien Pablo Ruiz Picasso. Talentueuse, elle s’est confiée à « Femme d’Afrique » à qui elle a ouvert son cœur tout en évoquant les différentes péripéties ayant émaillé sa carrière de modéliste.
Femme d’Afrique : Enseignante, créatrice de mode, épouse et mère, écartelée entre cocotte, travaux ménagers, devoir d’épouse et craie, comment finalement vous définir ?
Lydie Okosa : Je m’appelle Lydie Bobunda Anahendo Okosa. Je suis native de Tshikapa et réside à Kinshasa. Je suis styliste, créatrice de mode, couturière et enseignante à l’Institut supérieur des Arts et métiers (ISAM). C’est dans cet établissement que j’ai aiguillé mon talent et perfectionné mon art. Je suis également formatrice en modélisme (Option ; analyse d’esthétique, de stratégie de création et connaissance de la mode et stylisme).
Quel avantage tirez-vous de l’enseignement sur la mode ?
La mode est une passion pour moi. Je suis licenciée en animation de l’Institut National des Arts et je ne m’évade que dans la mode Mon travail d’enseignant me permet régulièrement de me mettre à jour mais aussi de faire des recherches dans le domaine de la mode afin de tenter de sortir des sentiers battus et d’innover.
Pourquoi vous vous considérez comme une technicienne ?
Je suis technicienne parce que j’imagine des modèles à travers la nature, directe ou indirecte. Ces modèles doivent, par ricochet, prendre corps et pour y arriver, il faut leur donner du volume afin qu’elles soient conformes à ma vision. Cela nécessite la technicité. C’est, entre autres, le cas de ma présente collection LFG. Ce n’est pas évident de convertir une œuvre dimensionnelle (tableau de peinture par exemple) en un style vestimentaire.
Pourquoi vous vous inspirez souvent des œuvres d’artistes occidentaux alors qu’il y a plusieurs peintres africains qui méritent également votre attention ?
Il y a de cela trois ans que j’ai voulu mettre en évidence nos traditions. Quand je regardais les billets de 5 FC, 10 FC sur lesquels sont estampillés quelques symboles représentant les valeurs traditionnelles congolaises et cubaines (tapis, masques, lignes et formes géométriques), cela m’inspirait beaucoup. De la même manière que les arts européens tels que les œuvres de Pablo Ruz Picasso qui s’inspirait lui aussi des arts traditionnels africains pour créer le « cubisme », moi aussi j’ai crée ma collection LFG. L’objectif visé est de mettre en évidence de nos traditions, de nos valeurs culturelles et traditionnelles. Dieu merci, LFG évolue parfaitement bien parce qu’elle m’a permis d’élargir le champ de vente et surtout de créer des contacts avec les ambassades et diverses personnalités.
Cette ligne de vêtement est réservée à quelle tranche d’âge et à porter à quelle circonstance ?
C’est une collection de seize tenues. Le style tailleur vise un type de silhouette pouvant se retrouver entre 20 et 40 ans. Ce sont des tenues classiques à arborer au bureau, pendant la saison sèche ou à une période où il fait légèrement chaud parce que ces tenues ont été rembourrées, c’est-à-dire, qu’on a essayé de donner de l’épaisseur à la matière en utilisant le thérmocollant.
Un mot l‘endroit des consommateurs et stylistes africains…
Être africain, ce n’est pas le fait de naître en Afrique dans l’un des 54 pays les composant mais c’est de connaître ses valeurs, ses richesses et ses traditions et les promouvoir. Utiliser d’autres formes d’arts comme source d’inspiration plutôt que de plagier les modèles d’autres couturiers, est un impératif qui sous-tend notre travail où il faut s’évertuer à être soi-même en développant notamment le sens d’observation, d’imagination et de créativité…