Santé

L’avortement clandestin, un phénomène de santé publique

Le phénomène des fœtus ou des bébés abandonnés suite à une interruption volontaire de grossesse étant devenu récurent à l’échelle universelle, il y a lieu que les légistes s’y attèlent afin de produire des lois adaptées à l’environnement social et aux spécificités culturelles de chaque pays afin de décourager ce qui, d’un point de vue éthique, reste néanmoins un acte à proscrire.
Il est certes vrai que les lois régissant l’accès à l’avortement (ou son interdiction) diffèrent d’un pays à l’autre – certains Etats le permettent avec ou sans restriction -, mais toute interruption volontaire de grossesse avant terme ne peut qu’être stigmatisée car, il y va de la vie humaine qui demeure sacrée par-dessus-tout. Bien entendu, l’avortement spontané, ou encore les fausses-couches qui sont liés, soit à une anomalie génétique ou chromosomique de l’embryon, soit à des troubles hormonaux, ne peuvent en aucun cas heurter les consciences puisqu’involontaire, c’est-à-dire, ne dépendant pas de la mère. L’on tombe ici dans la catégorie d’avortement thérapeutique qui est toléré dans une certaine mesure puisqu’exécuté par un médecin spécialiste sous la supervision, dans certains cas jugés utiles, d’un légiste. Il s’agit ici de sauver la vie de la mère. En effet, une anomalie ou une maladie du fœtus mettant la vie de la mère en danger après la naissance de l’enfant ou entrainant de graves problèmes de santé, peut entrainer un avortement justifié qui innocente la mère. Des cas d’inceste ou de viol collectif peuvent également, sur appréciation du médecin, être coptés dans cette catégorie au regard de graves séquelles physiques et psychologiques pouvant handicaper la femme pour le reste de sa vie. 


Ce qu’il faudrait dénoncer ici, c’est ce type d’avortement clandestin effectué suite à une grossesse non désirée et pratiqué dans des conditions d’hygiène précaires avec des méthodes rudimentaires telles que l’automédication par voie buccale ou vaginale, l’infusion avec des feuilles de papaye, l’introduction de liquides ou d’objets corrosifs juste pour tuer le fœtus. Il s’ensuit généralement des infections des voies génitales et/ou générales qui entrainent, entre autres, la stérilité, l’hémorragie mais aussi la mort si rien n’est fait pour une prise en charge médicale rapide et efficace. Eu égard à la récurrence de ces pratiques observées surtout chez les jeunes filles avec, à la clé, un nombre élevé de décès maternels enregistrés, il est temps que les autorités politiques pensent à renforcer le système éducatif national en proposant aux jeunes (garçons et filles) des programmes d’éducation sexuelle tout en renforçant les initiatives d’offre de services de contraception censés réduire le nombre de grossesses non désirées et d’avortements non médicalisés.
Eu égard au niveau d’encrage du phénomène d’avortements clandestins et illégaux et des risques qu’encourent les femmes, ne faudrait-il pas simplement penser à dépénaliser l’avortement ? L’interrogation vaut son pesant d’or. Au législateur de s’y pencher de sorte à aider les femmes à éviter les grossesses qu’elles ne désirent pas. L’amélioration de leur santé et de leur vie est à ce prix.

L'auteur

Christelle Mpongo, Éditrice Général, Fondatrice du Magazine Femme d'Afrique.

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