La 2ᵉ édition du parlement des femmes, sous le haut patronage de Lévi Mbuta Sangopamba, Président de l’Assemblée provinciale de Kinshasa, a eu lieu le samedi 26 octobre 2024, dans la salle des spectacles du palais du peuple, à Kinshasa, autour du thème : “Autonomisation de la femme face à la dépravation des mœurs : défis à relever et pistes de solutions.”
Une grande activité qui a réuni plus de 500 femmes, filles et hommes genrés venus de plusieurs horizons. Les travaux se sont déroulés en deux panels en vue de tabler sur les différents défis à relever et les pistes de solutions permettant à la femme congolaise de faire face à la dépravation des mœurs.
Willy Wenga, avocat, l’un des intervenants du premier panel, a mis l’accent sur l’état de la législation en lien avec la dépravation des mœurs, en indiquant que celles-ci connaissent une décadence croissante en RDC, à cause des réseaux sociaux.
Selon lui, le code pénal condamne l’attentat à la pudeur d’une peine allant de 5 à 15 ans de prison. “La femme doit éviter de se faire toucher ou caresser dans la rue. Celui qui la touche commet une infraction. La peine peut s’aggraver si cette femme est caressée avec violence.”
Willy Wenga a également évoqué certaines dispositions légales, notamment l’article 172 qui stipule que quiconque attenterait à la personnalité d’une autre personne pour l’inciter à la débauche risque une peine de 3 mois à 5 ans de servitude pénale.
“À l’instar du proxénétisme, qui consiste à embellir des filles pour les inciter à la débauche, cette pratique est punissable par la loi. L’article 175 du code pénal congolais fait allusion à l’outrage public, notamment à travers des danses obscènes qu’il faut éviter. Pour rendre la femme autonome, elle doit éviter d’être complice et apprendre à connaître l’arsenal juridique existant en sa faveur”, a souligné l’avocat.
Nathalie Kambala, Directrice de l’ONG Femmes Main dans la Main, a axé son intervention sur la nécessité de restaurer la moralité pour bâtir une société équilibrée.
“Avons-nous des repères en RDC pour la jeunesse ? Notre société est-elle équilibrée ?” s’est-elle interrogée, avant d’ajouter que les normes socioculturelles découragent l’équilibre dans la société congolaise. Elle a aussi souligné que les réseaux sociaux constituent un danger permanent, car l’image de la femme y est dégradée.
Pour Nathalie Kambala, l’autonomisation de la femme ne doit pas être uniquement financière, mais aussi psychologique.
De son côté, Christian Bosembe, Président du Conseil Supérieur de l’Audiovisuel et de la Communication (CSAC), a admis qu’il faut promouvoir le dialogue en famille et éviter de sous-estimer les enfants.
Lors du deuxième panel, Alidor Muyaya, psychologue, a abordé la question de l’impact de la santé mentale sur la dépravation des mœurs. Il a expliqué que la santé mentale correspond à un état de bien-être permettant à une personne de réaliser ses potentialités et de contribuer à l’évolution de sa société.
Le psychologue a estimé qu’il existe un réel problème de santé mentale chez de nombreux Congolais. “Ceux qui encouragent la dépravation des mœurs sur les réseaux sociaux, notamment sur TikTok, ont souvent un problème de santé mentale”, a-t-il insisté.
“Il faut introduire l’enseignement de l’égalité des sexes dans les cursus primaire, secondaire et universitaire, tout en encourageant les femmes à lire au moins dix pages de n’importe quel ouvrage chaque jour pour s’autoformer”, a proposé une intervenante.
Pour joindre l’utile à l’agréable, le prix Mwasi Motomboli Mboka a été décerné à quelques personnalités qui se sont distinguées dans leur domaine respectif.
Serge Musene