L’ONG Femme Main dans la Main pour le Développement Intégral (FMMDI) a lancé officiellement, le samedi 22 mars 2025, à l’église Jésus la Porte, à Kananga, le projet Justice, Autonomisation et Dignité de la femme (JAD), axé sur la prévention des violences basées sur le genre (VBG) au Kasaï-Central. La cérémonie s’est déroulée en présence de la ministre provinciale du Genre, Famille et Enfant, Marie-Isabelle Banakayi, ainsi que de plusieurs autres autorités et invités.
Ce lancement a été marqué par une première activité, notamment une journée de réflexion sur le thème : “Prévention contre les violences basées sur le genre à travers l’adoption d’attitudes et de normes socioculturelles respectant l’égalité des sexes”. Quatre intervenants ont animé les échanges.

Dans son intervention, Nathalie Kambala Luse, directrice-pays de FMMDI, a indiqué que la prévention des VBG passe par l’adoption d’attitudes et de normes socioculturelles favorisant l’égalité des sexes.
Jean René Tshimanga, président provincial du Cadre de concertation des organisations de la société civile du Congo, a mobilisé les différentes couches de la population à s’allier à la lutte pour mettre fin aux violences qui freinent l’épanouissement des femmes et des filles ainsi que le développement des communautés.
Quant au professeur Théodore Muamba, il a abordé les pesanteurs socioculturelles qui façonnent la société kasaïenne en général et les valeurs historiques qui sous-tendent les relations de genre dans cette région. Ce sociologue a souligné l’importance de comprendre ces structures sociales pour mener une véritable lutte contre les violences sexuelles et de genre (VBG).

Selon lui, pour que la lutte soit véritablement efficace, il est nécessaire de déconstruire les stéréotypes et les normes sociales qui réduisent la femme à un rôle secondaire dans la société. Théodore Muamba a affirmé que la femme doit être considérée comme un partenaire égal de l’homme et non comme une simple figure subordonnée. Elle doit avoir accès à tous les services nécessaires à son épanouissement, y compris en matière de santé, d’éducation et d’autonomisation économique.
En définitive, le professeur Muamba a insisté sur le fait que l’égalité des sexes n’est pas seulement un droit fondamental, mais aussi un élément clé pour garantir la prospérité et le développement durable de la société.
De son côté, Jules Katsurana, professeur à l’école du genre de l’Université de Goma, a évoqué l’importance de l’adaptation des approches de lutte contre les VBG face aux réalités locales. Il a précisé que les stratégies doivent être flexibles et tenir compte des spécificités socioculturelles de chaque région. Il a encouragé la mise en place de programmes de sensibilisation et d’éducation remettant en question les traditions patriarcales et promouvant une vision égalitaire des relations hommes-femmes.
Pour clore son exposé, il a rappelé que, bien que les défis demeurent, la véritable transformation sociale passera par une révision des mentalités et des valeurs profondément ancrées dans la culture kasaïenne. Cette approche intégrée, qui allie éducation, sensibilisation et engagement des autorités locales, constitue, à l’en croire, un levier essentiel pour éradiquer les violences basées sur le genre dans l’espace Kasaï.

Après toutes les interventions, un débat avec le public a permis d’approfondir la thématique, favorisant ainsi un échange constructif sur les enjeux liés aux violences basées sur le genre et à l’autonomisation des femmes.
Dans le but de renforcer l’impact des clubs de lutte contre les VBG implantés dans chaque quartier de Kananga, l’ONG FMMDI leur a offert du matériel de sensibilisation comprenant des ramettes de papier, des stylos et des mégaphones. Une manière de faciliter le travail de terrain et de soutenir les efforts des acteurs locaux dans la prévention et la lutte contre les violences faites aux femmes.
Le projet JAD, tel qu’évoqué par la directrice-pays de la FMMDI, Nathalie Kambala, comprend plusieurs activités clés, à savoir :
• L’organisation d’un forum réunissant des leaders communautaires engagés.
• Des sensibilisations communautaires pour promouvoir l’égalité des sexes.
• Des plaidoyers auprès des autorités et des leaders communautaires.
• Des ateliers de formation pour les survivantes des VBG sur les droits humains.

Jean Claude Ngalamulume Bakamubia