Dans un contexte où les professionnels de santé en République Démocratique du Congo se battent pour la reconnaissance de leur rôle et surtout de leur contribution essentielle dans le système sanitaire, les nutritionnistes du Kasaï-Central, longtemps marginalisés, unissent leurs forces pour réclamer leurs droits.
Ils ont lancé, au cours d’une cérémonie, un appel vibrant aux autorités du pays, aux partenaires au développement et à la société civile pour obtenir leur soutien afin que leur profession soit garantie et intégrée pleinement dans les politiques publiques.
Les nutritionnistes ont en plus exprimé leur désir de contribuer de manière significative à la santé publique en RDC, et ce, dans un cadre qui reconnaît leur expertise et leur rôle fondamental dans l’amélioration de la qualité de vie des Congolais.
Ce plaidoyer, fait par le Réseau des ressortissants de l’Institut supérieur des techniques médicales de Kananga, a été lancé le samedi 22 mars 2025, à Kananga, lors d’une activité organisée à l’Espace Garden Hôtel Kapi B, en marge de la commémoration de la Journée internationale dédiée aux nutritionnistes, célébrée, faut-il le rappeler, le 13 mars de chaque année.
La journée a attiré une large participation, regroupant des nutritionnistes, des experts en santé publique ainsi que des représentants d’organisations de la société civile.
Selon un des organisateurs, Fernand Kadiamba, l’objectif principal de cet événement était de mettre en lumière les défis auxquels font face les nutritionnistes dans le pays et de sensibiliser le public sur l’importance de leur rôle dans le système de santé, particulièrement dans la lutte contre la malnutrition et la promotion de la santé nutritionnelle.
Une profession longtemps négligée…
Les nutritionnistes congolais, informe-t-on, font face à une reconnaissance limitée de leur profession au sein du système de santé. Depuis des années, leur rôle est souvent sous-estimé et leur expertise reste insuffisamment valorisée, malgré la gravité des problèmes de malnutrition qui affectent une grande partie de la population, notamment les enfants et les femmes enceintes.
Selon plusieurs intervenants lors de cette activité, la malnutrition chronique reste un défi majeur de santé publique en RDC, et la nutrition est un secteur sous-financé et mal intégré dans les stratégies nationales de santé.
Ils ont fait savoir que leur savoir-faire est indispensable pour prévenir et traiter les carences alimentaires et les maladies liées à la malnutrition, mais qu’ils se retrouvent souvent dans l’ombre des autres professionnels de santé.
Plaidoyer pour la reconnaissance et l’intégration des nutritionnistes dans le système de santé en RDC
L’un des principaux objectifs de l’événement de Kananga était de mener un plaidoyer pour la reconnaissance officielle de la profession de nutritionniste et son intégration dans les politiques de santé publique en RDC.
Les nutritionnistes ont réclamé, en outre, une meilleure visibilité au sein des institutions de santé, des programmes de formation et de renforcement des capacités, ainsi que la mise en place de structures spécifiques pour les nutritionnistes dans les hôpitaux et les centres de santé.
Les participants à la journée ont également insisté sur la nécessité d’une collaboration renforcée entre les nutritionnistes et les autres professionnels de santé, notamment les médecins, les infirmiers et les pharmaciens, pour garantir des interventions globales et efficaces dans la lutte contre la malnutrition et la promotion d’une alimentation saine.
Expériences, témoignages qui inspirent, recommandations et perspectives…
Tout au long de cette célébration, plusieurs nutritionnistes ont pris la parole pour partager leurs expériences et leurs défis quotidiens. Parmi eux, Angélique Kupa, nutritionniste et intervenante clé lors de l’événement.
Elle a dénoncé la faible rémunération et les conditions de travail précaires dans lesquelles exercent de nombreux nutritionnistes en RDC. Angélique Kupa a souligné que, malgré leur expertise, les nutritionnistes sont souvent relégués à des rôles subalternes et ne bénéficient pas d’une reconnaissance professionnelle appropriée.
Les nutritionnistes ont rappelé que les choix alimentaires ont un impact direct sur la santé publique et que l’éducation nutritionnelle est essentielle pour prévenir des maladies comme le diabète, l’hypertension et l’obésité.
À la suite des échanges, plusieurs recommandations ont été formulées par les nutritionnistes et les experts présents. Parmi les propositions retenues par le chef du corps, Don Fils Katangamina, figurent la mise en place d’un cadre légal spécifique pour les nutritionnistes et l’intégration des nutritionnistes dans les programmes de santé publique, particulièrement dans les campagnes de vaccination, la lutte contre la malnutrition et les programmes d’alimentation.
Notons que la journée de plaidoyer s’est inscrite dans une série d’initiatives visant à faire entendre la voix des nutritionnistes en RDC et à obtenir une reconnaissance légitime pour leur travail indispensable dans la lutte contre la malnutrition et l’amélioration de la santé nutritionnelle.
Jean Claude Ngalamulume Bakamubia
