La lutte contre les féminicides est une priorité nationale au Cameroun. Une décision gouvernementale qui vise à protéger les femmes et à garantir leur droit à la vie.
L’assassinat d’une jeune femme par son conjoint survenu le 08février 2025, dans la petite ville de Bafia située à 120 Km de Yaoundé, a constitué l’une des raisons qui ont motivées la résolutiondu gouvernement camerounais.
Ainsi, la victime nommée Bongko, était partie pour mener ses activités champêtres habituelles, malheureusement, l’infortunée n’a pas pu regagner son domicile familial.
Elle a été retrouvée assassinée et calcinée dans une broussaille. Ce crime odieux, a porté à dix-sept, le nombre des femmes assassinéesau Cameroun depuis le début de cette année 2025.
Un forfait de plus qui a suscité l’indignation du gouvernementcamerounais, par la voix de la ministre de la Promotion de la femme et de la famille, Marie-Thérèse Abena Ondoa qui a livré les éléments essentiels de la riposte menée par le gouvernement de la République du Cameroun.
Signalons qu’en 2024, selon l’Institut national de la statistique (INS), soixante-sept femmes camerounaises ont perdu la vie sous les coups de leurs compagnons de vie.
Des chiffres alarmants témoignant de l’urgence de renforcer les mécanismes de prévention et de protection des victimes féminines. Le phénomène est encore plus aigu dans la région de l’Adamaoua, une des zones septentrionales du Cameroun, où la femme en général et la jeune fille en particulier, reste encore confrontée aux épineux problèmes de sous scolarisation, du mariage précoce, de l’obligation religieuse ainsi que de violence physique.
Une situation triste qui amène l’état du Cameroun et ses partenaires d’appui au développement à multiplier des initiatives de sensibilisation auprès de ces femmes et filles sur leurs droits les plus fondamentaux. Ces violences sont entre autres physique, verbale, psychologique et socio-économique.
Ces actes de violences sont souvent sous forme de gifle ou coups de poing, ou encore l’usage des armes blanches. L’on note également que la gente féminine au Cameroun porte encore le poids de la tradition, en ce sens que celle-ci est sensée restée dans son foyer contre vents et marrées pour s’occuper des tâches domestiques, de son mari et de ses enfants.
De ce fait, les autorités de Yaoundé ont appelé à briser le silence face à l’ampleur du mal, d’autant plus qu’on estime déjà à 39% le nombre de femmes victimes de violence basée sur le genre.
La position du gouvernement camerounais face aux violences faites aux femmes…
Dans un entretien exclusif accordé à Femme d’Afrique Magazine, la Ministre du Cameroun chargée de la promotion de la femme et de la famille, Marie-Thérèse Abena Ondoa, a indiqué la position claire du gouvernement camerounais face à toutes ces violences faites aux femmes.
‘’Face à cette situation, le gouvernement de la République du Cameroun, s’est engagé à prendre le taureau par les cornes, en essayant d’améliorer le cadre normatif. Et c’est ainsi que l’avant-projet de loi spécifique sur les violences faites aux femmes et aux filles, a été entrepris et son processus de finalisation est en cours. Et nous espérons que lors de la prochaine session du parlement, la finalisation aura été faite’’.
Et de faire savoir que lorsqu’il n’y a pas de lois, certains individus pensent que tout est permis.
‘’Donc cette loi servira à dissuader ceux qui pensent que rien n’est fait. Aussi, je dois quand même préciser que notre juridiction prévoit des sanctions à l’encontre des auteurs de ce genre d’acte. Mais il doit être spécifique sur les violences faites aux femmes et aux filles, ce qui est de mon point de vue absolument important et nécessaire.»
Outre la loi attendue d’être adoptée lors de la prochaine session parlementaire, la ministre Marie-Thérèse Abena, a révélé qu’au mois de mars prochain, une cellule d’écoute destinée à la dénonciation des auteurs des violences faites aux femmes, ouvrira ses portes à Yaoundé, capitale du Cameroun, afin de permettre aux victimes de s’exprimer sans la crainte des représailles.
Cependant, a-t-elle renchérit : ‘’Nous ne voulons pas dissoudre une famille, mais plutôt les éloigner afin que la colère diminue, et que le conjoint revienne aux bons sentiments. C’est pour cette raison que ces centres d’accueils pour femmes en détresses existent dans certains de nos centres de promotion de la femme et de la famille. Au vu du nombre sans cesse croissant des victimes de violence de toute sorte, nous avons besoin davantage de ce type de structures, et ça c’est pour lever l’urgence, afin de permettre à cette femme de savoir qu’elle est utile à la société, parce que souvent dans ces violences, il y a un fond de dépendance, de cette femme qui demande tout. Et parfois on a des couples où tous les deux partenaires travaillent, mais par masochisme, le monsieur va dire, c’est moi qui commande ici, et il commence à taper sur sa femme’’.
La ministre a en plus mis l’accent sur la pauvreté qui s’invitesouvent, d’où, l’importance de rendre les femmes autonomes afinqu’elles se sentent utiles dans leurs foyers, capables de subvenir aux besoins et intervenir dans la résolution des problèmes qui se posent au sein de leurs familles.
En conclusion, elle a rassuré en ces termes. ‘’nous travaillons avec plusieurs partenaires. Les partenaires techniques et financiers, les organisations de la société civile, des leaders d’opinion, les autorités traditionnelles, les autorités religieuses qui s’impliquent’’.
Par François ESSOMBA
À Yaoundé au Cameroun