Le 1er octobre prochain à Bukavu (province du Sud-Kivu), les survivantes des violences sexuelles vont battre le pavé à l’initiative du gynécologue congolais, Dr Denis Mukwege, plus que jamais déterminé à porter la cause des femmes violées à l’échelle internationale. Il s’agit d’une journée de mobilisation cristallisée autour d’une revendication, somme toute légitime, celle d’exiger la réparation du préjudice causé, depuis des lustres, aux victimes des violences sexuelles sur le territoire national. Pour ce faire, la mise en place d’un tribunal spécial censé juger les présumés auteurs des viols est requis afin, non seulement de rétablir la vérité historique, mais surtout, de permettre aux victimes d’obtenir réparation du préjudice leur causé.
« Pour tous les crimes commis à travers le monde, il y a eu des tribunaux pour juger les auteurs, et pourquoi pas nous ? Si nous ne le demandons pas, nous ne l’aurons jamais, et c’est maintenant le moment », s’est révolté celui qu’on appelle affectueusement « le réparateur des femmes » au sortir d’une récente rencontre avec les femmes à l’hôpital de Mpanzi à Bukavu.
En sus de cette revendication, les survivantes des violences sexuelles entendent apporter leur soutien au rapport Mapping qui répertorie un certain nombre des crimes commis au pays entre 1993 et 2003. Publié par l’ONU en 2010, ce document a de plus en plus de place dans des discussions informelles tant au niveau du pays qu’ailleurs, à travers le monde.
Expliquant le sens de sa démarche, le gynécologue congolais et Prix Nobel de la paix estime que l’heure est venue pour que le monde entier soit informé des sévices et autres cruautés auxquelles sont soumises les femmes congolaises du fait de leur statut social précaire.
« Il faut que le monde entier et nous-mêmes sachions que les femmes de la RDC exigent la vérité. La vérité que nous demandons veut dire que toute personne qui a commis le mal puisse le reconnaître, qu’elle demande pardon et qu’elle promette de ne plus répéter. Nous demandons la justice de réparation des maux commis. Nous allons nous retrouver à cette date-là avec toutes les victimes pour que nos droits soient reconnus »
a expliqué l’initiateur de l’hôpital de Mpanzi.
Dans l’hypothèse d’un refus de l’autorité provinciale d’acquiescer à sa requête, le Nobel congolais, déjà sujet aux menaces de mort récurrentes, pense que cela prouverait à suffisance que les dirigeants de sa juridiction et lui, ne partagent pas forcément la même humanité. « Ne vous taisez pas, levez-vous, femmes, que le monde entier sache que vous avez droit et vous méritez d’être bien traitées », a-t-il lancé à l’endroit des femmes, convaincu que leur affranchissement passera dorénavant par l’évènement du 1er octobre.