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Société

Travail et famille : un défi pour les femmes à Kinshasa

La question du non-partage des tâches domestiques entre mari et femme revient de manière récurrente dans les récits des femmes en Afrique en général et en RDC en particulier. Le quotidien des mères et d’épouses, tel que les femmes nous le racontent, est réglé par une somme considérable d’obligations : obligation de cuisiner un repas à son mari chaque jour, obligation d’être à la maison quand il rentre le soir, obligation de préparer les enfants chaque matin, obligation d’entretenir la maison, le linge, … Qu’elles soient cadres supérieures dans la fonction publique, employées d’une entreprise privée ou commerçantes au grand marché à Kinshasa. Ces femmes s’expriment sans fausse pudeur tout en restant anonyme.

 » Mon mari ne connaît pas c’est quoi la cuisine. La seule chose qu’il sait faire, c’est de rester au salon, et même ça, c’est encore un de nos problèmes, la table peut être mise, lui il veut manger au salon : « Servez-moi au salon, dit -t-il » C’est là sur la table, mais il faut lui emmener la nourriture au salon. Et surtout qu’il mange des repas chauds préparés le même jour. Il n’y a aucun doute que le machisme est encore ancré quand même chez nous », a -t-elle commenté Miriam (non emprunté).

Faire la cuisine est une activité à forte connotation féminine. Qu’un homme marié s’en occupe régulièrement ne va pas du tout de soi socialement. Une telle pratique est perçue comme un acte dissident et fait l’objet de fortes réprobations de la part de l’entourage. « Un jour » raconte Falonne (nom emprunté), « ma belle – mère est venue nous rendre visite malheureusement pour moi c’était le jour où mon mari a voulu cuisine la nourriture pour me faire plaisir. J’étais qualifiée d’une sorcière qui a envoûté son fils j’ai transformé en domestique de la maison ».

Parmi les qualités requises d’une bonne épouse, celle d’être capable de « bien cuisiner» est immanquablement citée par les femmes. Une bonne cuisinière est un faire-valoir que beaucoup d’hommes sont fiers de montrer aux personnes qu’ils invitent à la maison.
Véritable baromètre de l’atmosphère conjugale, le repas se trouve souvent au centre des tensions entre les deux partenaires. La présentation d’un plat jugé mauvais ou, pire, le refus de la femme de cuisiner est un signe symboliquement fort d’opposition et de conflit et, réciproquement, le refus du mari de manger la nourriture cuisinée par sa femme est un acte très humiliant, une marque de mépris.

« Mon mari mange des repas préparés dans des Super marchés sans qu’il sache », confie l’une des femmes, avoue l’une des femmes.
Contre toute attente, la substitution de la maîtresse de maison par une tierce personne pendant la journée de travail reste à désirer. Dans les endroits les plus modestes, l’argument économique est, sans surprise, le plus mentionné. Dans les milieux éduqués, les anecdotes sur les méfaits des domestiques reviennent régulièrement dans les récits et sont citées comme autant de bonnes raisons pour ne pas en avoir. Les domestiques qui sont en majorité des jeunes femmes sont souvent considérées comme des personnes peu fiables et ont mauvaise réputation.

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