Elle est une femme d’exception et elle se distingue parmi tant d’hommes, la secrétaire générale de la commission International du Bassin Congo-Oubangui-Sangha en sigle (CICOS) Madame Enaw née Judith Efundem Agbor. Découvrez son cursus digne d’éloges au cours d’une interview accordé à Femme D’Afrique Magazine
Femme d’Afrique Mag : Pouvez-vous vous présentez à nos lecteurs
Mme Enaw : Je suis Mme Enaw née Judith Efundem Agbor et Camerounaise de nationalité. Depuis avril 2016, je suis le Secrétaire Général de la Commission International du Bassin Congo-Oubangui-Sangha, dont le siège est établi à Kinshasa, République Démocratique du Congo. Titulaire d’une License en Droit Privé Anglais, d’un Masters en Philosophie de Droit et d’un Masters en Administration Maritime et Protection de l’Environnement. Agée de 61 ans, je suis mariée, mère de trois enfants et de plusieurs petits enfants.
Femme d’Afrique Mag : Parlez-nous un peu de votre cursus professionnel
Mme Enaw : Mon cursus professionnel a démarré le 27 mai 1987 dans mon pays natal comme jeune cadre à la Cellule Juridique du Ministère de l’Equipement. C’est fut une longue carrière qui m’a amené tour à tour au Ministère des Transports et des Travaux publics avec, à la clé, des expériences accumulées en tant que gestionnaire (Chef de la Cellule Juridique, Sous-Directeur des Transport Routiers et Ferroviaires, Inspecteur de Service et Directeur des Affaires maritimes et des Voies navigables) et ce, avant ma nomination à la CICOS.
Femme d’Afrique Mag : Vous êtes Secrétaire Général de la Commission Internationale du bassin Congo -Oubangui-Sangha (CICOS), quel est l’apport de cette organisation sous régionale dans le développement des Etats membres ?
- Mme Enaw : Dès sa création en 1999, la CICOS avait pour mandat la promotion de la navigation par voies d’eau intérieure. En 2007, un deuxième mandat lui avait été assigné, à savoir, la Gestion intégrée des ressources en eau du bassin.
Alors, pour notre Institution régionale, il est question d’accompagner les Etats membres à travers les actions de coordination, de sensibilisation et de mise en œuvre des projets pilote susceptibles d’être répliqués par les Etats. A cet effet, et contrairement à une certaine opinion mal informée, la CICOS ne remplace pas les structures étatiques. Elle travaille en symbiose avec celles-ci pour l’intégration physique des populations riveraines, le développement économique concerté et harmonieuse des populations du deuxième plus grand bassin planétaire.
Ainsi, s’agissant de son premier mandat lié à la promotion de la navigation intérieure, plusieurs actions ont été menées. Les règlements ont été élaborés et adoptés avec les Etats portant sur l’amélioration de la sécurité de la navigation, les normes de construction de baleinières répondant aux normes ont été également reconnues. En outre, des applications pour accompagner les professionnels de la navigation ont été développées en plus de la publication des outils d’aide aux décideurs afin d’améliorer la gouvernance des voies d’eau et la création d’une école de formation aux métiers de la navigation intérieure.
Concernant son deuxième mandat portant sur la GIRE à travers les projets financiers via ses Partenaires techniques et financiers, la CICOS a réussi la mise en place des outils sur la modélisation et l’allocation des ressources en eau, élément indispensable pour une exploitation et mobilisation harmonieuse des ressources entre les Etats membres. On peut citer d’autres actions telles que la construction et l’opérationnalité des stations hydrométriques physiques et virtuels ; l’appropriation des outils et informations nécessaires pour le suivi du débit et de la hauteur des eaux ainsi que la mise en place d’un système d’alerte quant aux crue, l’étiage et l’inondation au profit des usagers des voies d’eau.
FAM : L’espace CICOS étant le deuxième bassin hydrologique du monde, comment pensez-vous entretenir, au plan environnemental, le fleuve Congo qui est votre principal atout?
Mme Enaw : L’une des missions importantes de la CICOS est la préservation de l’environnement du bassin du Congo. Pour réaliser cette mission, des actions sont développées qui portent sur l’éducation et la sensibilisation environnementale, la mise en place des mécanismes de protection des plateformes portuaires contre la pollution, la lutte contre la pollution de diverses voies d’eau, la gestion des déchets issus des unités flottantes et les plateformes portuaires. Vous savez, la bonne gestion de l’environnement des plateformes portuaires et des voies d’eau est tributaire de la promotion de la sécurité de la navigation.
FAM : En tant que spécialiste, quel est votre avis sur le projet Transaqua portant sur le transfert d’eau interbassins au départ de certains affluents du fleuve Congo vers le lac Tchad ?
Mme Enaw : Je pense que cette interview ne saura se terminer sans cette question. Malheureusement, nous ne connaissons pas les tenants et les aboutissements de ce projet. La CICOS n’est pas concernée. A cet effet, je ne pense pas être bien placée pour donner quelque avis que ce soit.
FAM : En tant que femme, pensez-vous que votre travail soit compatible avec vos aspirations personnelles ? Quel regard la société camerounaise porte-elle sur ces genres d’activités axées sur le développement écologique ?
Mme Enaw : L’une de mes aspirations personnelles dans la vie est de travailler dans un domaine où les résultats de mes œuvres puissent toucher les couches les plus vulnérables de nos sociétés. L’eau est la vie. Tout le monde le sait, tout le monde le dit. Alors, la fenêtre que la CICOS m’offre tend à accompagner les Etats dans la gestion de cette ressource aussi précieuse et qui est placée au centre de toute œuvre humaine, de toute action du développement humain. Alors oui, mon travail est tout à fait compatible avec l’une de mes aspirations personnelles et je rends grâce à Dieu.
-FAM : Quel climat de travail entretenez-vous avec vos collègues masculins ?
Mme Enaw : Le climat de travail au sein de la CICOS est extrêmement cordiale et familiale à la fois. Ceci est vrai que ça soit envers les collègues masculins que féminins. Au niveau d’une Institution régionale comme la nôtre, le professionnalisme devrait être le mot clé.
FAM : Votre mot de la fin….
Mme Enaw : Merci pour votre intérêt aux activités de la CICOS ainsi qu’à ma modeste personne. Que Dieu fructifie votre travail.