Dans la plupart des quartiers à Kinshasa, capitale de la République démocratique du Congo, il est fréquent de voir au coin d’une petite rue, un restaurant de fortune, communément appelé en jargon kinois « Malewa », tablé d’un menu des produits locaux.
Ce sont les femmes qui sont les gardiennes des saveurs traditionnelles. Un acquis qui ne fait cependant pas l’unanimité. En effet, les hommes se font de plus en plus rares dans la gastronomie locale mais s’y invitent quand même. Votre Magazine Femme d’Afrique vous fait embarquer dans une contrée perdue de Kinshasa à la découverte du savoir-faire traditionnel, compilé exclusivement par les hommes, un restaurant réputé par ses belles saveurs.
Si le soleil est au rendez-vous, les clients s’attablent à l’incontournable restaurant « Patience », une retrouvaille à la cuisine bio congolaise. Réputé plus d’une décennie par ses belles saveurs, ce restaurant local parfume ce quartier Kimbangu dans la commune de Kalamu, en plein Kinshasa. On se croirait à l’autre bout du monde.
Une rue parfumée des saveurs culinaires à chaque passage. Commerçants, travailleurs, jeunes et vieux, filles et garçons, tous sans distinction, s’y rendent dans la journée. Dès 8 heures du matin jusqu’à tard dans la soirée – soit de lundi à dimanche -, ce restaurant rivalise d’ingéniosité. Menu de décibel, bières à flots, table bien garnie (poissons frais, salés et fumés, gombos, courges, chenilles, feuilles de manioc, fumbwa un repas local etc, rien n’est laissé au hasard dans cette officine où le client est roi.
Les recettes sont servies avec la farine de maïs, de bananes plantain et de la chikwange. Un mode exotique assaisonné toujours des épices. Tout y est, ou presque, pour tous les goûts et toutes les bourses. « Je me rends dès l’après-midi pendant la pause pour déguster le meilleur plat du jour », explique ce jeune commerçant retrouvé sur les lieux.
« Malewa » au masculin
Les services hôteliers sont composés rien que par les hommes dont le savoir-faire tend à révolutionner la gastronomie congolaise traditionnelle. Cette dernière est restée longtemps un domaine dominé par la gent féminine. Dans des restaurants dits modernes, le constat est antinomique. Ce sont plutôt les hommes qui détiennent les fourchettes. « Nous avons trouvé bon de rivaliser de manière loyale face nos partenaires féminins. C’est aussi une manière équitable d’équilibrer localement la profession », explique un marmiton.
Qu’est-ce qui expliquerait ce choix déclencheur porté sur cette initiative, un restaurant où le cordons bleu se décline exclusivement au masculin. « Il faut d’abord survivre, ensuite, profiter de la vie. Chacun pratique son business et est prêt à travailler dur pour assurer le quotidien, condition sine qua non pour réussir dans la vie. C’est ainsi que j’ai opté pour ce métier faute d’en trouver un bon revenu adapté à ma situation puisque je dois m’occuper de mes petits frères et sœurs », a réagi un cuisinier prestant dans un restaurant de la place. C’est tout dire.