Le mois de mars est une occasion de faire le point sur le parcours des luttes féministes, leurs conquêtes, leurs exploits, leurs résistances, leurs résiliences et leurs revendications sur le statut et la place de la femme. Où en est l’Afrique dans ces registres d’apogées? Le débat est donc lancé. Contrairement aux habitudes de votre magazine, cette fois-ci, la parole est accordée aux hommes.
Joseph Tambwe : « La protection et l’émancipation de la femme sont les priorités »
A l’heure actuelle où se multiplient des discours et des plans pour le développement de l’Afrique, une question prioritaire doit être traitée, celle liée à la protection et à l’émancipation des femmes. Cette femme africaine n’est pas totalement autonome. Les progrès se font à faible représentation dans les postes de commande due à une faible implication du partenaire masculin dans ces luttes.
Eric Lombe, pasteur et agent de l’Etat : « Le chemin est encore loin mais c’est rassurant »
La problématique de l’égalité Homme-Femme sur notre continent est encore longue à trouver une issue favorable. Tout ceci découle d’un manque de volonté politique dans le chef des dirigeants et leaders africains à l’endroit de la femme. Encore que cela ressort des coutumes et mœurs africains comme stéréotypes, et qui présentent la femme comme incapable de réaliser de grandes choses dans la société. C’est archifaux. J’avoue qu’il y a du progrès sur l’entrepreneuriat et le leadership féminin dans notre continent. Certes, on observe la compétence et l’excellence de la gent féminine, mais les africaines doivent continuer sur cet élan, qu’elles cessent de se sous-estimer et de se plaindre face à l’injustice, elles doivent plutôt se battre.
Obul Okw’ess, Chef des travaux à l’Université : « L’Afrique n’a jamais eu du retard »
Disons que l’Afrique est un continent qui a toujours pris le combat qui se passe au niveau international avec un peu de retard, cela est dû à notre condition en tant qu’africain. Un continent qui n’a toujours pas les moyens de pouvoir se faire entendre au moment opportun. De la lutte féministe en Afrique, on ne peut pas dire qu’elle a pris beaucoup de retard par rapport aux autres continents. Parce que si nous regardons bien, nous allons constater qu’en Afrique déjà, même les rois à l’époque étaient toujours entourés d’une cour où il y avait beaucoup de femmes. On a eu des reines en Afrique. On peut parler de l’espace Congo où une reine qu’on appelait Mangela a fait son époque. C’était une reine qui dirigeait déjà à cette époque-là. Et donc, ce n’est pas quelque chose d’extraordinaire parce qu’il y a des familles en Afrique qui sont dirigées par des femmes.
Et donc, la lutte féministe en Afrique a peut-être souffert un peu du relent de l’occident, c’est peut-être l’occident qui est venu nous montrer qu’il y a une différence fondamentale entre les hommes et les femmes mais si non en Afrique, il n’y a pas eu, au départ, des différences fondamentales entre l’homme et la femme lorsqu’on se réfère à nos coutumes et traditions. Et lorsqu’on parle de Genre en Afrique, ce concept a toujours été appliqué parce que chacun connaissait sa place : l’homme était à sa place, la femme l’était également et cela n’avait jamais entrainé une quelconque lutte, et n’avait jamais amené le débat.
C’est avec la modernité, avec la fin de la colonisation, que finalement avec les femmes qui ont commencé à faire des grandes études dans les écoles ainsi de suite qu’on a commencé à avoir une sorte de rivalité entre les hommes et les femmes. Et je crois que l’Afrique n’a pas du tout eu du retard par rapport à cela. L’Afrique a su s’y prendre à temps, a suivi ces mouvements de manière tout à fait correcte. Tout ce qui se fait ailleurs se fait également en Afrique même si la mise en application n’est pas la même. Je crois que c’est un problème de mentalité, ou mieux, un problème des traditions qu’il faut transformer. Je ne pense pas que l’Afrique soit en retard.