Cette interrogation peut intriguer, surtout qu’en République Démocratique du Congo, les danseuses sont considérées comme des parias. Parce qu’elles dansent souvent à moitié nue. Certes.
Néanmoins, ces professionnelles de danse contribuent énormément à la diffusion et à l’exploitation des œuvres musicales ou cinématographiques. Autrement dit, elles font partie à part entière des titulaires des droits voisins.
Outre les danseuses ou danseurs, les droits voisins reconnaissent les chanteurs, les compositeurs, les bassistes, les solistes, les percussionnistes, les batteurs, les animateurs et autres, qui participent à l’exécution d’une œuvre.
Ce qui justifie la considération au même pied d’égalité entre les droits d’auteur et les droits voisins. L’auteur d’une œuvre a le droit de percevoir, au même titre que ceux qui ont concouru à la réalisation de son œuvre, bien que ces droits ne peuvent être à la même hauteur.
Les droits voisins, quid ?

En clair, les droits voisins sont un ensemble de droits de propriété intellectuelle accordés aux personnes physiques ou morales qui contribuent à la diffusion et à l’exploitation d’une œuvre, sans être les auteurs principaux.
Ils les protègent et leurs permettent d’autoriser ou d’interdire l’utilisation de leurs prestations et de percevoir une rémunération.
Le tableau étant clair, peut-on alors savoir si les danseuses congolaises, sociétaires des différents groupes musicaux de renom ou pas, perçoivent leurs droits à la Société Congolaise des Droits d’auteur et des Droits voisins (SOCODA), chargée de percevoir les redevances et les répartir aux créateurs d’œuvres de l’esprit tant au niveau national qu’international.
Un artiste de renommée internationale répond à la préoccupation

Maika Munan, artiste musicien, ancien d’Afrisa international de Tabu Ley, auteur, compositeur et réalisateur, avec près de cinquante ans de carrière à son actif, ne s’est pas dérobé pour dénoncer à travers l’émission Liboke sur Youtube de Mbuta Likasu, la gestion calamiteuse des droits d’auteur et droits voisins par la SOCODA.
À l’en croire, plusieurs artistes congolais, en incluant les danseuses, y compris lui même, ne perçoivent rien à la SOCODA. Une société, qui, selon lui, fait montre d’une mauvaise gouvernance pendant plusieurs années, pointant du doigt à cet effet, le PCA Jossart Nyoka Longo et le DG Joe Mondonga.
Le Chef de l’État, Félix-Antoine Tshisekedi Tshilombo avait tapé le point sur la table à une certaine période au sujet de ce désordre qui caractérise la SOCODA. Donc, il est vrai que la SOCODA ne fait pas le travail comme il faut. Ceux qui la gère actuellement évoluent à vau-l’eau tel que l’a affirmé Maika Munan.
Que faire pour mettre fin à cette maladie qui ne cesse d’affecter sérieusement la vie des danseuses congolaises et autres titulaires des droits voisins ?
L’État congolais interpellé au plus haut point

Sans langue de bois, l’artiste Maika Munan a interpellé à ce sujet l’état congolais. Mieux, le Ministère de la culture, arts et patrimoines.
Pauvres, exposées, vulnérables, mais ayant leurs droits à la SOCODA, les danseuses congolaises méritent mieux.

Il est temps que la Ministre de tutelle, Yolande Elebe Ma Ndembo, s’élève pour finalement siffler la fin de la récréation à la SOCODA. Le seul souci des observateurs avertis et des artistes congolais, est celui de voir l’organisation de la SACEM ou de la SABAM au sein de la SOCODA.
Une sonnette d’alarme qui doit être entendue par l’autorité compétente, car, une fois l’ordre établit au niveau de la gouvernance et de la gestion à la SOCODA, les titulaires des droits voisins, particulièrement les danseuses, ne vivront plus dans la misère et ne seront plus roulées dans la farine par les leaders des groupes où elles prestent.
Alain-Prince Eale




