Les femmes habitant Milabu, un village perché sur une falaise située à 30 km de la collectivité Kwenge et à 70 km de la ville de Kikwit, dans la province du Kwilu, sont condamnées à parcourir de longues distances pour accoucher.
Mamie, nom autrement identifié, l’une de ces femmes qui subissent ce calvaire, a échappé à la mort en route pour mettre au monde son nouveau-né Jérémie à cause de la distance qui sépare Milabu et la cité de Kwenge.
« J’ai échappé belle à la mort le jour de l’ accouchement de mon bébé », a-t-elle raconté, ajoutant qu’après être assistée par deux femmes expérimentées et transformées en sages femmes occasionnelles du village. Pendant l’accouchement , la situation a dégénéré puisque je présentais des convulsions. Ce qui a été à la base de mon transfert à plus de 30 Km à l’hôpital de Kwenge à l’aide d’une chaise à porteur appelé » Tshipoyi » pour une meilleure prise en charge ». Dans ce village dépourvu d’infrastructures sanitaires, il n’ y a qu’un commerçant qui a une petite pharmacie où tout le monde se procure quelques médicaments, pourtant plus centaines de personnes y vivent.
« Dans un état très critique, j’ai été vite conduit au bloc opératoire et à peine arrivée, mon bébé était prêt à sortir d’où j’ai échappé à la césarienne. Et pendant ce temps, il se tenait une réunion au village au cours de laquelle il fallait faire la chasse à la sorcière ».
La situation qu’ a vécue cette jeune femme n’est pas un cas isolé, car environ 830 femmes meurent chaque jour dans le monde à cause des complications liées à l’accouchement, rapportent des spécialistes du monde médical, qui ajoutent que le ratio de mortalités en milieu rural est deux fois plus important que dans les centres urbains.
Selon les mêmes experts, les femmes enceintes dont la plupart sont celles de l’Afrique subsaharienne font face à l’absence cruelle des soins prénataux et à la sous-information concernant les précautions ou dispositions à prendre pendant la grossesse.
Le docteur SOKE IKULANKANI, médecin-chef de service de gynécologie obstétrique au centre hospitalier public Maman Paméla, a formulé le souhait de voir l’autorité investir dans les infrastructures sanitaires afin de réduire le taux de mortalités maternelles et infantiles dans les zones rurales. Il a fait savoir que la plupart de cas de décès maternels rencontrés dans nos milieux, sont souvent dûs aux hémorragies génitales, aux hypertensions et aux avortements. Nous devons, a-t-il souligné, éviter des grossesses trop precoces, trop tardives, trop rapprochées, trop nombreuses ». Il appelle par ailleurs à organiser des services de planning familial , de former les personnels qualifiés pour diriger les accouchements en milieux ruraux et pourquoi pas à défaut d’une main d’oeuvre présente de former aux femmes dites expérimentées de devenir de vraies Sages femmes.
Ce n’est pas normal qu’une femme enceinte puisse parcourir de 30 à 40 kilomètres pour aller trouver une maternité , soit un endroit approprié pour suivre des soins prénatals » , a-t-il lâché et de renchérir qu’il faut muser sur l’accessibilité géographique en investissant sur des infrastructures sanitaires.
Il encourage ainsi, aux femmes rurales à suivre des consultations prénatales qui s’avèrent très indispensable pour lutter contre la mortalité maternelle: » Une femme enceinte doit etre très bien suivie . Il y a le traitement préventif intermittent. On donne la sulfadoxine – pyriméthamine pour prévenir contre le paludisme, on déparasite la femme enceinte par de vermifuge, l’usage de moustiquaires imprégnées à long durée d’action, que manger en cas d’anémie. Il y a la prévention de la transmission du VIH de mère à l’enfant.. Donc , toutes ces interventions sont très capitales et font parti de la CPN recentrée parce qu’il est possible de donner la vie sans la perdre, a-t-il mentionné.