Les cas violences sexuelles sont monnaie courante en République démocratique du Congo et touchent plus de 90% les femmes. Enfants, adolescents ou adultes, aucune tranche d’âge n’est à l’abri de ce fléau qui peine encore à être éradiqué. Si au niveau légal, des avancées sont à signaler, dans la société, les survivantes de violences sexuelles sont encore sujettes à des stigmatisations qui ne facilitent pas la dénonciation.
Sandra (nom d’emprunt), la vingtaine révolue, était la préférée de Papy (nom d’emprunt), collègue de sa mère, depuis ses 12 ans. Très proche de la famille, Papy a trouvé en la petite Sandra une victime parfaite pour assouvir ses désirs mesquins. A chacune de ses visites, le bourreau se plaisait à porter la petite sur ses pieds, une position idéale pour sa forfaiture. En deux temps trois mouvements, l’homme pervers introduisait doigt dans l’appareil génital de la petite fille pleine d’innocence sans que personne ne développe le moindre soupçon. Le calvaire aura duré trois ans, jusqu’au jour où l’apprenti pédophile est pris en flagrant délit. Ce jour, Sandra est sous la douche alors que sa mère et une de ses sœurs s’occupent de la cuisine. L’homme pervers feint un tour aux installations sanitaires pour atterrir dans la salle où se baigne sa proie. Celle-ci, tente sans succès de crier au voleur. Elle n’a que 15 ans et ne peut rien face à un homme aux mots convaincants :
Je ne te veux aucun mal. Pas besoin de crier ou de déranger les autres, écartes juste tes jambes laisses moi faire. Ne crie pas, fais-moi confiance. Après tout, je suis ton ami n’est-ce pas .
Le jour de mes 20 ans, après une journée pleine caresse et d’amour, Raphaël m’informe que je ne suis pas vierge, relate celle qui avait jusqu’à ce jour vantait sa virginité. Raphaël, se sentant trahi, est parti pour ne jamais revenir.
«J’étais perdue. Je n’avais jamais connu d’homme et je m’étais juré de ne jamais être déniaisé hors mariage», regrette-t-elle en précisant n’avoir jamais été consultée par un spécialiste.
Les années sont passées sans que Sandra ne fasse véritablement son deuil. Malgré sa peine, elle a décidé de se taire pour ne serait-ce sauver sa dignité et éviter d’être la risée de plusieurs. Voilà, l’issue de la majorité des survivantes de viols en RDC: se taire pour plaire à un système ancré dans le subconscient et sauver les apparences, quitte à se laisser ronger de l’intérieur.
Que dit la médecine ?
Sandra s’est finalement résolue à accepter la réalité: elle n’est plus vierge. Médicalement, le dépucelage au doigt est possible. Dr Jonathan Kalala, médecin exerçant à Kinshasa, précise que cela dépend de l’âge de la fille. « Pour une petite fille, un doigt peut rompre l’hymen mais pour un adulte, cela dépend de la position de l’hymen, la taille du doigt et la force utilisée dans l’intromission », explique le médecin en précisant que toutefois, il revient au médecin de confirmer.
Hypothèse certifiée par un article de Passeport santé. Selon ce site spécialisé dans l’information sanitaire, introduire un doigt dans son vagin peut déchirer l’hymen. C’est donc possible d’avoir un hymen déchiré tout en étant vierge (en n’ayant eu aucun rapport sexuel).
Regard sur la loi congolaise
En RDC, la délinquance sexuelle accrue et l’impunité n’aident pas à établir des statistiques fiables et à jours sur le viol et les agressions sexuelles. Aussi, les survivantes de viol, souvent stigmatisées dans la société, préfèrent ne pas sortir de leurs zones de confort. Le peu qui franchisse la ligne rouge n’obtiennent pas toujours réparation. Il y a donc du chemin à parcourir malgré les avancées déjà enregistrées. Ce que reconnait d’ailleurs Emmanuella Zandi, défenseuse de droits de l’homme. A l’en croire, les défis sont énormes. Elle en appelle à la fin de l’impunité et au bannissement la discrimination aux victimes. «Il est aussi très important de véhiculer un message positif de victoire pour aider les victimes à briser le silence», croit-elle savoir.
Légalement, le Code pénal de janvier 1940 a été modifié par la loi n° 06/018 du 20 juillet 2006. L’article 170 dans ses points A, B et C, définit clairement le viol : « aura commis un viol, soit à l’aide de violences ou menaces graves ou par contrainte d’une personne, directement ou par intermédiaire d’un tiers, soit par pression psychologique, soit à l’occasion d’un environnement coercitif, soit en abusant d’une personne qui, par le fait d’une maladie, par l’altération de ses facultés ou par toute autre cause accidentelle aurait perdu l’usage de ses sens ou en aurait été privé par quelques artifices (…) a) tout homme, quel que soit son âge, qui aura introduit son « organe sexuel, même superficiellement dans celui d’une femme ou « toute femme, quel que soit son âge, qui aura obligé un homme à « introduire même superficiellement son organe sexuel dans le sien ; b) tout homme qui aura pénétré, même superficiellement, la bouche, l’anus ou tout autre orifice du corps d’une femme ou d’un homme par un organe sexuel, par toute autre partie du corps ou par un objet quelconque; c)toute personne qui aura introduit, même superficiellement, toute autre partie du corps ou un objet quelconque dans le vagin».
Une disposition qui souffre encore de vulgarisation et des préjugés. Cependant, deux choses sont pour le moins sûrs, rien ne saurait justifier un viol et la femme n’est jamais responsable de quelques formes d’agression sexuelle qu’elle pourrait subir.