L’Organisation non gouvernementale Wife, a organisé une conférence scientifique, le mercredi 16 octobre 2024, dans la salle de banquet du Palais du peuple, à Kinshasa, dans le but de lutter contre le cancer du sein en République Démocratique du Congo.
Des scientifiques et professionnels de santé présents à cette conférence, ont donné la quintessence de cette maladie dont de milliers de femmes sont victimes chaque année et perdent leur vie à cause de l’ignorance étant donné qu’en amont, elles n’ont pas souvent accès à un dépistage précoce ou aux informations appropriées.

Le cancérologue Vincent-Wilfried Lokonga, a fustigé le fait qu’à Kinshasa, la capitale du pays, il n’y a qu’une seule machine de cancérologie appartenant en plus à un privé, tout en déplorant également le fait qu’il y a un manque criant du personnel formé en mamologie.
Le médecin, Président de la société congolaise du cancer ( SCC), a soutenu que beaucoup de femmes n’ont pas de moyens nécessaires pour assurer leur prise en charge. Ce qui justifie sans conteste, la perte de leur vie.
Vincent-Wilfried Lokonga, a indiqué qu’une machine de radiothérapie coûte 2.5 millions USD. Donc pour lui, 16 millions USD suffisent pour la RDC de se procurer deux machines et un centre médical bien équipé. Il a expliqué qu’une machine de cancérologie est disponible pour deux millions d’ habitants, d’où son cri d’alarme afin que les choses changent, car, à partir de l’année 2025, trois personnes sur quatre seront atteintes du cancer.
De son côté, le Docteur Liyanza, directeur de cabinet du ministre provincial de la santé de Kinshasa , a expliqué que le gouvernement provincial exécute le programme du gouvernement central. Soulignant qu’à leur niveau, ils mettent un accent sur la sensibilisation et les problèmes sont résolus en palier.
Il a en outre appelé la population à s’acquitter de son devoir civique en payant les impôts et les taxes afin de permettre au gouvernement de trouver des solutions aux différentes difficultés sociales et à se faire toujours dépister. À l’en croire, les autorités se battent pour implanter le centre de cancérologie à Kinshasa.
Docteur Emmanuel Nzau a, quant à lui, affirmé que même si les autorités tardent à décider, la population doit se prendre en charge. « La population congolaise ne se discipline pas. Nous devons suffisamment nous prendre en charge pour pousser les autorités à agir. Nous avons la responsabilité de notre santé avant que le gouvernement n’agisse », a-t-il déclaré.
Les témoignages de quelques victimes du cancer du sein ont édifié l’assistance à la lumière de celui de Carine. « c’est à 40 ans que j’ai découvert que je souffrais du cancer du sein. Il y avait une boule à l’intérieur de mon sein. J’ai immédiatement pensé à mes obsèques et pris deux semaines pour accepter cette maladie. Il faut vendre même des maisons pour faire une chimiothérapie. J’ai décidé d’aller me faire soigner à l’étranger. Le docteur m’a dit, soit on te coupe le sein, soit on t’enlève cette boule. C’était vraiment pénible. Bien après, j’ai appris qu’à Kinshasa, il y avait désormais la gratuité du traitement et la prise en charge par le gouvernement. Je suis rentrée au pays pour continuer la prise en charge. Je salue cette belle initiative du gouvernement étant donné qu’elle m’a permis d’être en vie aujourd’hui. Et j’ai fini la chimiothérapie le 15 avril 2024. Toutefois, certaines malades n’arrivent pas à acheter des médicaments. J’appelle ainsi à la création des centres partout en RDC »,
Sylvie Luyeye, pour sa part, s’est vue être amputée d’un sein, pourtant guérie. « En 2017, j’ai constaté qu’il y avait une boule dans mon sein. En 2018, on va m’ opéré mais sans succès. Mon sein gauche sera malheureusement amputée. Je remercie Dieu d’être encore comptée parmi les vivants, également, la députée nationale Christelle Vuanga et l’Ong Wife pour leur soutien ».
Pour Bona, il a déploré le fait qu’il a beaucoup perdu après avoir soutenu et accompagné sa défunte épouse. « J’ai tout vendu. Ma femme était tombée malade en 2022. Le 20 octobre prochain, elle totalisera une année dans le séjour des morts ». À l’heure actuelle, Bona et ses enfants font face à un probable déguerpissement par le bailleur là où il vit, car, incapable de payer le loyer.
Christelle Vuanga, Directrice exécutive de l’ONG Wife, a soutenu que la bataille contre le cancer du sein concerne tout le monde. En soulignant que la véritable vie, c’est vivre pour les autres. Elle a profité de l’occasion pour remercier tous les partenaires, les médecins, les femmes victimes guéries ou victimes du cancer du sein et autres pour leur présence à la conférence scientifique organisée par sa structure.

Il sied de signaler que Guy Loando Mboyo, Ministre d’État en charge de l’Amenagement du territoire, l’un des participants à cette conférence, a été élevé au rang d’ambassadeur de la lutte contre le cancer du sein.
Serge Musene
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