Elle se distingue parmi tant d’autres femmes, elle prône le leadership féminin en RDC et elle se bat pour les droits des femmes, de la jeune et petite fille. Veuve et mère de 4 garçons, elle se prénomme Georgette Biebie Songo, Professeur à la faculté de la Pharmacie à l’Université de Kinshasa (UNIKIN). Georgette Biebie est parmi les femmes qui avaient milité pour l’inscription de la parité dans la Constitution congolaise du 18 février 2005. Au cours d’une interview accordée à « Femme d’Afrique Magazine », elle nous démontre comment le leadership féminin se construit en RDC.
Femme d’Afrique Magazine: pourriez-vous vous présenter à nos lecteurs?
Georgette Biebie: Je suis Georgette Biebie Songo, Professeur à la faculté de la Pharmacie, Professeur de Toxicologie à l’UNIKIN, présidente de la GBS foundation, présidente de la Coalition des femmes pour la paix et le développement (CFPD). Je suis également membre de la Marche mondiale des femmes pour la paix, membre du Collectif des associations féminines pour la paix dans la Région des Grands Lacs ( COCAFEM/GL). J’ai bénéficié du Prix honorifique (à six reprises) pour le leadership féminin et l’autonomisation des femmes: en 2004, par le collectif des journalistes politiques indépendant; en 2016, par ONU-Femme; en 2017, par l’Union congolaise des femmes de médias (UCOFEM); en 2020, par la Commission nationale des Droits de l’Homme (CNDH); en 2021, par Ichange Nations et en 2022, par Pour elles infos les 50 femmes qui inspirent. Je suis parmi les femmes qui avaient milité pour l’inscription de la parité dans notre Constitution du 18 février 2005, de là j’ai reçu le surnom de « Maman parité ». Je suis veuve, mère de 4 garçons. Néanmoins, toute ma vie, c’est le combat de droits et protection des filles, petites filles et femmes et tant que les femmes ne seront pas libres, je continuerai toujours à militer pour leurs droits.
Femme d’Afrique Magazine: Quel mécanisme employez-vous pour faire respecter les droits de la jeune fille et petite-fille ainsi que celle de la femme?
Georgette Biebie: Je suis la présidente du Club amis de la petite et de la jeune fille. C’est là-bas que j’ai commencé mon combat pour la protection des droits des femmes. Comme je n’ai pas de filles, mon idéal c’était de faire valoir leurs droits et travailler pour la jeunesse. Sur ce, je suis dans le programme de Madame Julienne Lusenge, qui est conseillère du Chef de l’Etat dans le panel Paix et sécurité au niveau de l’Union africaine. Au travers de son ONG SOFEPADI, elle a sélectionné quelques femmes pour être des modèles, mentors, coachs afin de leurs coacher pour qu’elles se reconnaissent dans le combat et qu’elles suivent notre modèle parce que ces filles, la plupart, ont pour des modèles que de danseuses qui s’exhibent à la télévision et des chanteuses mal habillées. En tant que caochs, nous continuerons à travailler pour que les filles s’imprègnent du combat de droits car, cela est question de droits et d’équités. Bien que dans la plupart de nos coutumes c’est le patriarcat qui dirige, mais désormais nous avons un appui considérable qui est le Chef de l’Etat Félix-Antoine Tshisekedi. Il a été promu « champion de la masculinité positive ». Le Président de la République Tshisekedi est avec nous dans ce combat de promotion des droits des femmes. Je pense que le temps est vraiment arrivé au point pour que les filles se lèvent et s’engagent dans la promotion de leurs droits car, cela n’est pas une faveur ni un cadeau mais une lutte à mener pour vaincre. Nous organisons des séminaires des formations, des activités et échanges d’expériences pour réveiller la conscience de la jeune et petite fille à être capable de se défendre et à maitriser les instruments juridiques protégeant les droits des femmes. Surtout en milieu universitaire, les filles subissent trop d’harcèlements sexuels même si elles sont très intelligentes et je les ai conseillées de s’organiser en syndicat, en groupe ou en club et à dénoncer chaque fois qu’elles subissent des avances de la part d’un professeur. En 2006, nous avons voté une loi contre les violences sexuelles, considérées comme un crime contre l’humanité.
Femme d’Afrique Magazine: votre opinion par rapport au leadership féminin…
Georgette Biebie: Le leadership féminin en RDC est en train de se construire. Le leadership ne se donne pas mais se construit. En cela, nous avons deux types de leaderships. Premièrement, le leadership positive qui influence positivement les conditions de vies des concitoyens. Nous avons par l’exemple de la Vierge Marie qui a accepté de porter le Christ alors qu’elle était mineure et vierge mais cette dernière avait compris que sa décision apportera le Salut du monde. Elle n’a ni regardé son statut social ni à ce que les gens vont dire mais elle a cru à quelques choses, qui est le Salut de l’humanité. Elle a assuré un leadership positive. Deuxièmement, le leadership négatif c’est celui d’Eve. Elle a aussi influencé négativement, elle se fait avoir par le serpent qui lui a proposé de manger le fruit de l’arbre interdit. Je pense que nous payons le conséquence d’Eve jusqu’à présent.
Mot de la fin
Georgette Biebie: Les droits des femmes sont aussi des droits humains. Les femmes ont intérêt à travailler avec les hommes genrés. Pour inscrire la loi sur la parité dans la Constitution, il y avait des hommes qui nous ont porté mains fortes parce qu’en 2005, il y avait que 60 femmes sur 500 députés au Parlement de transition. Parmi ces hommes y avait mon défunt mari, le Professeur Jean-Claude Biebie, paix à son âme, l’honorable Olivier Kamitatu qui était le président de l’Assemblée National, l’honorable Christophe Lutundula et l’honorable She Okitundu.
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Bravo Madame. Vous pouvez être érigée en modèle pour beaucoup de femmes. Veuve également, vous me donnez envie de sortir de ma coquille et de suivre un chemin de résilience associant enseignement ( ma fonction initiale) et militantisme en faveur d’un monde qui » soit à la hauteur de l’Homme ». Nos capacités artistiques, politiques, entreprenariales ne sauraient se laisser submerger par la rationalité technique surabondante. Celle-ci peur devenir un tremplin pour des échanges entre les peuples ( je suis Caribéenne et je vous lis), à condition de prendre le temps de former le sens critique de nos jeunes. Bien Cordialement Mme Nathalie Zonzon-Quitman