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Mining

Yasmine Nzuma Musika se distingue dans le mining

Parmi ces femmes qui font parler d’elles et qui se démarquent des autres, on peut citer Yasmine Nzuma Musika, géologue se démarquant dans un domaine dit masculin, la certification des minerais. Une carrière exceptionnelle qui la met sous le feu des projecteurs de femmedafrique.net

Femmedafriquemagazine.net : parlez-nous de vous…

Yasmine Nzumba Moseka: Je suis Aline Yasmine Nzuma Musika, géologue au projet de certification des minerais de conflit appuyé par la coopération allemande, dont le BGR. Là, je m’occupe de la gestion de base des données et je participe à la planification des missions de terrain. Donc, l’inspection des sites miniers et les audits.

FAM : Comment vous sentez-vous en exerçant dans un domaine réputé masculin ?

YNM : Je me sens juste comme un être humain. Pour moi, il n’y a pas de différence entre l’homme et la femme. S’il existe, c’est juste du point de vue sexe, mais quand aux compétences, les deux sont au même titre.

FAM : Que-ce qui vous a stimulé à opter pour la géologie ?

YNM : Mon père a travaillé à la sidérurgie de Maluku. A l’époque, son défunt grand frère travaillait à la Socir. Nous avions à la maison des livres qui parlaient des minerais. Et donc, étant habituée à cette documentation, j’ai eu un penchant pour les sciences ayant trait aux minerais. Au départ, j’optais pour la pétrochimie, vu que cette option n’existait pas à l’Unikin, je me suis tournée vers la géologie dans l’espoir d’évoluer toujours dans le secteur des hydrocarbures. Mais curieusement, comme c’est Dieu qui décide, je suis plutôt dans le domaine minier et je me sens à l’aise.  Je me retrouve dans mon métier, j’évolue bien et je suis contente.

FAM : Quels obstacles avez-vous rencontrés dans l’exercice de votre travail ?

YNM : Sans vouloir être raciste, en tant que femme noire, on est butée à beaucoup d’obstacles. Pour la petite histoire, j’étais à Tshikapa à Efidium, la grande firme Sud africaine. Seule femme cadre en brousse, de peau noire et mince, de taille moyenne, j’ai eu du mal à être acceptée par les hommes. Les guider dans la recherche n’était pas évident. J’ai souffert d’un certain rejet mais ma compétente a imposé le respect.

Une fois, mon équipe a du être attaquée par un serpent, tout le monde a fui mais en tant que responsable, j’ai fais face à cela et mon attitude m’a donnée une certaine notoriété. Que ce soit en Angola ou au Burkina Faso, il a fallu que je m’impose pour être respectée. Aussi, du coté salaire, je déplore le fait que les femmes géologues ne soient pas rémunérées au même degré que les hommes, bien que les taches accomplies sont les mêmes.

Autre obstacle rencontré au niveau de l’artisanal en RDC est que les femmes géologues n’ont pas accès à certains sites sous prétexte qu’elles vont faire disparaitre les minerais, alors qu’ils sont naturels. Cette situation nous empêche de mener à bien nos recherches.

FAM : Selon vous, une femme entrepreneure peut-elle concilier le travail et le foyer ?

YNM : Nous ne sommes plus au passé. Le temps des femmes au foyer est révolu. A la présidence de l’Assemblée nationale, vous avez une femme, une autre a même postulé à la présidence. Et Il y a des femmes mandataires dans telles ou telles entreprises publiques ou privées. Ce concept « femme au foyer » est dépassé. Le travail professionnel et la vie en famille, c’est ce qui constitue la vie de l’être humain et à chacun son rêve, son lieu d’épanouissement.

FAM : quelle lecture faites-vous du quota de représentativité des femmes au gouvernement ?

YNM : La bataille n’est pas finie et le combat doit se poursuivre. Ce 17% de femmes au gouvernement n’est pas mal je dirais, mais la base, c’est avoir des femmes compétentes. Nommer, c’est une bonne chose, mais il plus, c’est-à-dire dénicher la personne qu’il faut à la place qu’il faut. Je suis en train de croire que s’il n’y a que 17% de femmes, c’est parce que celles-là ont pu remplir certains critères. Parité veut dire pour un travail donné, accorder le même salaire, mais aussi ; la même chance à l’homme tout comme à la femme. 

FAM : Quels conseils prodiguez-vous aux jeunes filles qui se retrouvent dans l’embarras de choix quant aux orientations de leurs études ?

YNM : Tout dépend de l’environnement dans lequel la jeune-fille se retrouve. Je conseillerai aux jeunes-filles d’exploiter tout le potentiel que le seigneur a mis en elles. La bible dit que Dieu a remis à chaque personne un talent, mais le gros problème reste de se connaitre, d’avoir un rêve comme a dit Socrate « connais-toi toi-même » et éviter surtout du copié-collé. Il faut beaucoup lire, beaucoup suivre les informations et des documentaires afin de mieux se cultiver.

FAM : Quel est votre planning quotidien?

YNM : C’est devenu une routine pour moi.  Chaque matin, 15 à 20 minutes des exercices physiques pour garder la bonne forme, puis se laver et s’apprêter pour attraper le bus. Quitter le travail à 17h30, voire même 18h. Le week-end, je fais quelques travaux ménagers pour ne pas perdre la main. Monitrice à la CBFC Lisala, j’encadre les jeunes dont l’âge varie entre 12 et 17ans. Pendant mes vacances, je fais la lecture et quelques sorties avec mes amis.

FAM : votre mot de la fin ?

YNM : C’est un souhait. Que le cours de géologie soit dispensé aux humanités. La RDC est un scandale géologique mais ignoré par ses habitants. Je pense que parler de ce cours pendant les humanités va susciter un goût aux élèves et va les pousser à se plonger d’avantage dans les recherches en vue de saisir le potentiel minier dont regorge le pays.

L'auteur

journaliste reporter depuis 2007