Plutôt que de souiller leur réputation dans l’oisiveté ou la débauche, elles ont décidé de gagner honnêtement leur vie à travers un business particulier où leur force physique est engagée.
Le milieu périurbain est réputé difficile à vivre. Le déficit chronique en eau et en électricité qui lui est caractéristique dissuade de nombreux Kinois à y habiter. La vague qui s’est déportée vers la banlieue Kinoise est constituée des hommes et des femmes déterminés à donner un sens à leur vie, quels que soient les obstacles. Une transhumance qu’explique leur envie de se départir du statut de locataire pour enfin user d’un droit de propriété hier encore chimérique. Dans la périphérie ouest de Kinshasa, de nombreuses femmes assument leur choix et s’en résignent. L’absence d’eau potable ne les effraye outre mesure. Elles font avec.
Mère d’une fille et habitant dans le quartier Kombe dans la commune de sélembao, Zizina Mabiala symbolise le prototype de cette femme battante qui sait lutter pour assurer la survie de sa famille. D’ethnie Mbeku et originaire du Kongo central, elle trimballe un physique athlétique mis en relief par une musculature singulière qui s’harmonise avec le travail qu’elle fait. Elle est vendeuse d’eau. Un statut peu honorable certes pour une beauté qui aurait dû être exploitée autrement. Mais hélas ! Au premier chant de coq, elle apprête déjà ses bidons et part à la recherche d’eau potable à se procurer dans les différentes sources d’eau disséminées dans son quartier. Elle doit ravaler une distance de plus de 500 mètres en compagnie d’autres femmes d’un même acabit.
« J’ai reçu plusieurs commandes que je dois honorer »
confie-t-elle en montrant un pactole de bidons de 20 à 25 litres. La route est très accidentée et les pauvres femmes ne sont pas exemptées des glissades.
« Nous prenons les risques énormes en se levant tôt pour venir puiser de l’eau »
explique Chance Nkanu, exposée autant que ses amies, au viol et à toute autre barbarie de la part des inciviques qui écument le coin.
L’ambiance y est bon enfant à la fontaine. On ragote autour de tout et de rien. Puis, sonne l’heure de retour. Zizina et ses amies sont alors contraintes de remonter des hauteurs, flanquées des bidons sur la tête jusqu’à épuisement. C’est cela leur lot quotidien. A une cinquantaine de mètres plus loin, elle est obligée de s’arrêter pour souffler. Sa fille l’accompagne dans cette corvée matinale. Une fois arrivée à la maison, le temps de se relaxer, elle ramène les bidons auprès des acquéreurs en échange des billets de banques. Les prix varient. « Un bidon de 20 litres est à 500 FC », explique-t-elle, toute souriante d’avoir accompli sa mission. Elle se dit prête à effectuer le même trajet, deux à trois fois la journée, selon les besoins de ses clientes, sans se fatiguer. En début d’après-midi, elle avait déjà réuni de quoi nourrir sa petite famille.
« Je peux m’en tirer comme ça avec 5.000 FC, voire même 10.000 FC la journée. Nous tirons d’énormes bénéfices surtout pendant la saison sèche où l’eau se fait rare », révèle-t-elle.
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La femme congolaise est une batante. Elle en voit de toutes les couleurs. Je tire mon chapeau a ces femmes courageux qui on the su garder leur dignite