La famille de la Mariée nous attend sur le seuil avec des pagnes faisant le substitut du « tapis rouge » pour l’élu ! Une « taxe » lui est exigé à l’entrée de la salle. Début des pourparlers. On négocie. Des billets circulent, des proverbes s’affolent et voltigent au-dessus des cris et des fous rires. Des billets de banque fripés garnissent les sacs de certaines tantes qui jouent les entremetteuses. Le modus vivendi est enfin trouvé. L’incident est clos. C’est sur ces entrefaites que le Marié peut accéder triomphalement dans la pièce sous les ovations d’une assistance chauffée à blanc. Des hourras et des « houlou lou lou lou lou » sont balancés à souhait. Premier constat : Tout le monde est là, sauf la Mariée. On prétend qu’elle est à Mbandaka dans la province de l’Équateur en République Démocratique du Congo. Bon, fermons la parenthèse.
Deux camps distincts se tiennent en respect, se faisant face. Deux sièges, également disposés de manière frontale, sont réquisitionnés. Ils seront occupés par les représentants de deux familles en présence. Dans un coin, sont exposés des objets divers et des denrées alimentaires. Un banquet à peine couvert laisse échapper un fumet qui laisse présager un festin digne de ce nom.
Une longue liste reprenant les effets de la dot est étalée sur la table. Après les présentations et échanges des civilités, les choses sérieuses peuvent alors commencer. La famille de la mariée exige « réparation » pour les sacrifices consentis pour assurer l’éducation sa fille, de la maternité à ce jour. Je ne pourrais énumérer le contenu de la liste ainsi présentée. Tout y était : des vestes, des dame-jeanne de vin, des chemises, des lampes-tempêtes, des ceintures, des cravates, un fusil de chasse, des chaussures hommes et dames, des cartons de Whisky Jack Daniel’s, des wax hollandais, des foulards, des sacs de sucre, des casseroles, des grosses boîtes de lait, des casiers de bière, des tas de bananes, une lampe « Coleman », des sacs de sel … et une somme d’argent conséquente. Le compte est bon.
C’est alors que la future belle-famille demandera l’argent pour aller chercher la Mariée à Mbandaka, qu’importe le moyen de transport à utiliser (avion, bateau, train, bus, vélo etc). Tel dans un scénario boutiqué d’avance, les acteurs que sont les délégués de deux familles négocient alors le coût du transport. Après accord, la Mariée fera son entrée, un quart d’heure plus tard, sous des pas cadencés de musique. C’est cela la symbolique du rituel Mongo conçue sous forme de théâtralisation, pour détendre l’atmosphère et couronner le processus laborieux du mariage. Ainsi la tradition Mongo est-elle honorée dans la bonne humeur et le respect mutuel, au grand enchantement des conservateurs de ses us et coutumes.