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Politique

Gouvernement ou partis politiques, à qui la responsabilité de la répartition inégalitaire Femme-Homme aux instances de prise de décision en RDC?

La République Démocratique du Congo a un cadre politique et juridique qui prone la participation politique de la femme congolaise. En plus de ça, il y a des discours et des déclarations politiques qui abondent dans le sens de promouvoir des femmes et des filles congolaises.
A cela, s’ajoutent des revendications des organisations de la société civile, y compris celles des associations des femmes en dépit de la volonté des partenaires au développement d’accompagner le processus de la lutte pour l’égalité du genre. Malgré tout, la RD Congo peine à faire respecter effectivement, les textes pour la participation politique des femmes.

La constitution de la République démocratique du congo dans son article 14 évoque la parité Femme- Homme, celle-ci dans tous les domaines. Si les efforts sont constatés dans certains domaines, en politique la répartition inégalitaire est remarquable. Cependant, l’on se demande à qui revient la responsabilité de cette injustice? Quelques politiques et membres de la société civile ont essayé de nous répondre.

Pour Maître Annie Bambe, présidente du Forum pour les Droits des Jeunes et Enfants au Congo (FODJEC) et de la Coalition Beijing 25+RDC, elle est convaincue pour sa part qu’en RDC, la démocratie a une tendance consensuelle.
« Les partis politiques constitutifs de la majorité au pouvoir forment le gouvernement. Il faut entendre que le gouvernement est l’émanation des regroupements des partis politiques. Dans la pratique, ces derniers présentent en amont des propositions de candidatures au sein du gouvernement. Le gouvernement à son tour entérine lesdites candidatures. Or le gouvernement a l’obligation de respecter les engagements souscrits en ce qui concerne la promotion du genre.
Malheureusement, le constat est négatif “, explique-t-elle.
A elle de poursuivre que, “
Le gouvernement se complait à considérer les propositions des ses sociétaires (partis politiques) en violation des instruments juridiques. L’on observe un jeu de ping-pong sur cette question entre les deux parties sans réelle volonté politique manifeste d’amélioration.
La répartition égalitaire étant une obligation de l’atteinte des Objectifs de développement durable car la parité en est un des indicateurs. Aucune Nation ne peut s’en passer. C’est une référence de gouvernance”, constate-t-elle.
“La femme est une composante à part entière de la société (de l’espèce humaine). Aucun pays ne peut émerger sans l’implication de la femme. Elle possède les mêmes droits et les mêmes opportunités que les hommes », déclare-t-elle.

De son côté, Immaculée Cibalonza présidente fédérale du parti politique AFDC-A fédération de Lukunga, pense la même chose. Selon elle, entre le gouvernement et les partis politiques, chacun a sa part de responsabilité.
Elle estime que le président de la RDC qui représente le gouvernement doit exiger où imposer aux partis politiques les listes genrées des personnes proposées à des postes de responsabilités.
Et pour les partis politiques, elle pense qu’ils doivent tenir compte de l’apport des femmes et se soucier de leurs promotions au même pied d’égalité que les hommes.
Pour la présidente fédérale de l’AFDC-A, la femme est très importante dans notre société.
« DIEU en créant l’homme il savait que seul, il ne peut pas faire grand-chose. La femme gère avec son cœur et l’homme avec sa tête or combiné les deux, le développement devient facile. Et ils ont les mêmes connaissances intellectuelles, spirituelle, sans la femme le monde ne peut pas aller de l’avant. Car le monde compte 2 acteurs: l’homme et la femme. Sans l’un, il y aura manque, les deux doivent travailler ensemble pour l’émergence et le développement. Même dans nos familles, quand la maman n’est pas là, il y a un vide », se confie-t-elle.


Réagissant à cette problématique, le député national Juvénal Munubo, élu de Walikale dans la province du Nord-Kivu pour le compte du parti politique, l’Union pour la nation congolaise (UNC), estime que la parité reste un idéal.
“Dans la constitution et à bson article 14 il est dit que; les pouvoirs publics veillent à l’elimination de toute forme de discrimination à l’egard de la femme et assurent la protection et la promotion des ses droits. La femme a droit à une representation equitable au sein des institutions nationales, provincials et locales. A cet effet, l’Etat doit garantir la mise en oeuvre de la parité homme-femme dans lesdites institutions”, d’après le depute Juvénal Munubo, juriste de formation.
A lui de poursuivre que,“La non représentativité équitable des femmes dans les instances de prise de décision est une violation des droits des femmes dans la mesure où, la constitution elle-même reconnaît l’égalité des chances. On ne peut donc pas avoir de discrimination liée au sexe pour l’accès aux emplois. D’ailleurs ceci est clairement mentionné dans la constitution à son chapitre consacré aux droits et libertés”, fait savoir Maître Juvenal.
«J’ai toujours conseillé et sensibilisé les leaders des partis politiques parce que c’est eux qui sont appelés à aligner les femmes candidates. Que les femmes elles-mêmes soient sensibilisées pour qu’elles expriment leurs ambitions et s’épanouissent. Les hommes en général doivent être aussi sensibilisés parce qu’il y en a qui ne veulent pas que des femmes puissent nourrir des ambitions politiques. C’est de cette façon qu’on peut arriver à faire des progrès en ce qui concerne la parité», conseille-t-il.


Quand à Daniel Safu, député national issu du regroupement politique Ensemble, élu de Mont amba, un des quatre districts de la ville de Kinshasa, son apport concernant la répartition égalitaire Homme- Femme a déjà été réglé par la constitution.
« c’est à nous maintenant de couler cette vocation constitutionnelle qui reflète la femme comme une valeur, une actrice politique qui peut contribuer au développement du pays. Si déjà au niveau de nos lois on ne prévoit pas cela, nous entrons en contradiction avec la constitution. Cependant, nous devons savoir que le problème de la femme ne remonte pas des congolais. Sur d’autres cieux, les communautés se sont organisées pour promouvoir la femme car elle est une valeur pas un objet. Elle a les mêmes qualités que l’homme”, rappelle-t-il.
“Au niveau de notre regroupement politique, plusieurs femmes ont été soutenues et encouragées à postuler et beaucoup ont été élues”, révèle-t-il.
“La femme est sincère dans son engagement. Nous voulons le développement du pays, on ne le fera pas avec les hommes uniquement. Nous avons dans ce pays, des femmes intègres qui nécessitent d’être intégrées et cela est possible qu’en aménageant la loi électorale. Si la constitution reconnaît la parité que la loi électorale aussi la reconnaisse. Que là où nous disposons de 11 candidats, qu’on aligne 5 ou 6 femmes afin qu’il y ait équilibre », fait savoir Daniel Safu en invitant ses collègues à se mobiliser autour de la loi électorale pour trouver comment intégrer les femmes en politique.
S’agissant de l’article 14, l’élu de Mont Amba estime que les députés doivent agir pour contraindre certaines décisions allant à l’encontre de la constitution concernant la parité.
«Si l’on ne procède pas à cette méthode, l’homme va penser que c’est lui qui a le pouvoir. Tous nous sommes créés à l’image de Dieu et il y a complémentarité. Cette complémentarité s’articule autour du développement du pays. Sachez que les femmes en matière électorale sont majoritaires que les hommes et ce sont elles qui votent nombreuses », affirme Daniel Safu.
L’apport des organisations de la société civile au combat pour la répartition égalitaire.
« Notre apport est noble en ce qui concerne l’accompagnement que nous apportons à l’effectivité de la politique genre d’une part et l’approche génération égalité d’autre part. Au niveau du Forum pour les Droits des Jeunes et Enfants au Congo (FODJEC) qui porte la Coalition Beijing 25+RDC, nos actions sont multiples et se répartissent notamment sur: le plaidoyer auprès des détenteurs du pouvoir pour des réformes favorables à la représentation égalitaire Femme-Homme, la formation sur différents modules et selon les besoins notamment; sur le genre et le développement durable (approche Génération Égalité)”, explique Annie Bambe

.
Elle renchérit en affirmant que son organisation axe ses actions sur la participation politique des femmes, la gouvernance électorale, le leadership et l’entrepreneuriat, la gestion des conflits, les Droits de l’Homme et les techniques de plaidoyer. Il y a aussi un appui technique au débat politique, des séances des conseils concernant la constitution des dossiers des candidatures et une assistance juridique lors des contentieux électoraux.
Actuellement en RDC, le taux de représentation des femmes dans des postes de prise de décision politique est de 27%. Les disparités entre femmes- hommes persistent encore et le quota de la parité tel que stipulé dans la constitution dans son article 14 n’est pas encore pris en compte. D’après le député national Juvénal Munubo ceci constitue une violation des droits des femmes. Ces dernières font face à plusieurs inégalités, même celles qui ont fait un pas en politique.
Aux élections de décembre 2018, 485 femmes avaient été retenues pour la députation nationale et une seule femme sur 21 candidats à la présidentielle. D’après le cadre permanent de concertation de la femme congolaise (CAFCO), le pourcentage des femmes au parlement ne représente que 10,3%.
Espérons qu’aux prochaines échéances, le gouvernement et les partis politiques tiendront compte de la parité. Ceci avec la loi électorale en cours au parlement qui encourage en son article 13 aux partis et regroupements politiques de présenter des listes électorales avec 50% des femmes pour être exemptés du paiement de la caution électorale.

Elda Along, JDH.

L'auteur

Journaliste depuis 2006, passionnée des sujets liées aux femmes et au genre. J'apprécie également les sujets économiques et les activités sportives féminines.

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