Interview

Faouziya Tarik : « L’enjeu essentiel est de bâtir des systèmes éducatifs qui permettent à chacun de s’épanouir »

Grâce à ses initiatives dans le secteur de l’éducation et du social, Faouziya Tarik est une figure influente et inspirante parmi les entrepreneures africaines. Elle est actuellement Vice-présidente et Porte-parole du Forum International des Femmes Entreprenantes et Dynamiques d’Afrique (FIED).

Cette originaire du Maroc est fondatrice et Présidente de l’Ecole Supérieure de Gestion et des Sciences de l’Informatique (EGICO-SUP) depuis 1994. Elle est également cofondatrice de l’Association des Femmes Chefs d’Entreprises du Maroc (AFEM).

Créatrice de F&M Innovaction, une société de l’événementiel, Mme Faouziya Tarik, a dirigé l’Association Lion’s Club Ibn Battouta de Tanger et l’Alliance du Développement Africain (ADA).

Elle a notamment occupé divers postes de leadership, dont le Vice-présidence du Connectingroup, en 2011. Lors d’une interview accordée à Femme d’Afrique Magazine, Mme Faouziya Tarik nous parle de son parcours et son engagement en faveur de l’éducation.

Femme d’Afrique Magazine (FDA) : Pouvez-vous nous parler de certains faits marquants de votre parcours professionnel ?

Faouziya Tarik (FT) : Mon parcours est le fruit d’un rêve réalisé. J’ai toujours voulu poursuivre mes études en France, et cela a été le fondement de mon engagement professionnel et humanitaire.
Ma formation au Maroc et en France a nourri ma volonté de contribuer à une formation de qualité et à l’employabilité des jeunes. En fondant EGICO-SUP, en 1994, j’ai permis à de nombreux jeunes africains d’accéder à des postes de décision dans leurs pays. Cette réussite me rend très fière.

FDA : Avez-vous navigué entre les traditions marocaines et françaises ?

FT : Oui, j’ai partagé ma vie entre le Maroc et la France. Pour moi, l’essentiel était de me concentrer sur les études, la connaissance et l’expérience, puis de revenir au Maroc pour mettre en pratique ce que j’avais appris. J’ai maintenu mes traditions africaines tout en m’intégrant dans la culture française.

FDA : Vous souvenez-vous d’une anecdote marquante liée à votre éducation ?

FT :Un souvenir mémorable est lorsque mon oncle paternel a tenté de m’empêcher d’aller étudier en France. Mon père, ouvert d’esprit, m’a soutenu contre son frère, affirmant que si ce dernier voulait commander, il devrait interdire à ses propres filles de ne pas étudier.
Cette attitude a renforcé ma détermination à réussir et à créer des écoles, et aujourd’hui, je me bats pour l’éducation des filles et l’autonomisation des femmes.

FDA : Depuis 1994, vous investissez dans le secteur de l’éducation. Quels sont les défis majeurs auxquels vous êtes confrontés ?

FT : Lorsque j’ai voulu créer mes écoles, c’était difficile d’obtenir l’autorisation d’exercer, surtout en raison de la concurrence et des préjugés.
J’ai dû soumettre mon projet plusieurs fois avant d’obtenir l’autorisation. Cependant, une fois cette étape franchie, la tâche est devenue plus facile, et nous avons ouvert la voie pour d’autres jeunes entrepreneurs.

FDA : Quelles sont vos perspectives pour l’avenir de l’éducation au Maroc et en Afrique ?

FT : Au Maroc, l’éducation est fondamentale pour transmettre les valeurs et les connaissances nécessaires au développement. Le gouvernement a mis en place des stratégies pour promouvoir l’éducation pour tous, notamment à travers des universités technologiques.
En Afrique, il est crucial de redonner confiance à la jeunesse et de les encourager à s’engager dans l’éducation pour éviter l’exode.
L’éducation doit être une priorité réelle et non seulement un discours, car elle joue un rôle clé dans le développement économique et la qualification de la main-d’œuvre. L’Afrique doit utiliser les nouvelles technologies et encourager les diplômés de la diaspora à revenir pour accélérer son industrialisation.

Si l’Afrique veut s’industrialiser assez rapidement, elle doit inévitablement canaliser cette vision par l’éducation en produisant une main d’œuvre hautement qualifiée dans les délais les plus courts possibles. L’éducation doit être une priorité, pas seulement de discours, mais de fait et de réalité.
On ne peut pas s’épanouir s’il n’y a pas de démocratie et de liberté. L’enjeu essentiel est de bâtir des systèmes éducatifs qui donnent la capacité à chacun de s’épanouir.

Victoria NDAKA

L'auteur

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