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Société

Covid-19 : Les morgues de Kinshasa en déconfinement précoce

Vue les retombées tragiques et néfastes découlant du passage de la pandémie de Coronavirus à travers le monde, la République démocratique du Congo a vite pris des dispositions préventives afin de freiner la spirale mortelle. Des mesures restrictives renforcées par les gestes barrière ont réglementé la vie à Kinshasa. Le 18 mars 2020, le Président de la République, Félix-Antoine Tshisekedi, a décrété l’État d’urgence sanitaire à travers le pays. Par voie de conséquence, tout rassemblement plus de vingt personnes sur les lieux publics a été interdit, y compris  l’organisation des deuils dans les salles ainsi que les domiciles. Sur ce, les dépouilles mortelles étaient censées être conduites directement de la morgue au lieu d’inhumation avec un nombre restreint d’accompagnateurs.

Deux mois après,  il appert que la ville de Kinshasa continue d’enregistrer un nombre élevé des cas infectés. Il est fait état de plus de quatre mille cas de contamination malgré la mesure de confinement. Une enquête exclusive du Magazine « Femmes d’Afrique » dans les morgues de Kinshasa a permit d’évaluer le niveau d’application des recommandations édictées, quant à ce, par l’autorité suprême du pays.

Par ces temps qui courent, l’on est bien loin d’imaginer que la capitale est bel et bien en situation de confinement. Tenez : Nous sommes 10 heures du matin en ce mois de juin. L’esplanade de la morgue de l’hôpital de Ngiri-ngiri est inondée par une marrée humaine. Des corbillards défilent à tour de rôle. Surexcités et livrés à la merci d’un danger éventuel, les familles endeuillées ont décidé d’organiser leurs funérailles dans ces conditions de promiscuité.

Comment ne  pas rendre un dernier au revoir à notre proche ? Cet hommage lui est mérité

s’enquit une dame devant la morgue.

Cette attitude, loin d’être un cas isolé, s’inscrit dans un contexte général de non respect des gestes barrière et de distanciation sociale. Dans les différentes morgues muées en funérariums, cette scène est perceptible.  Souvent, la foule est dispersée par la police qui use des gaz lacrymogène.

La morgue’est l’endroit facile permettant la contamination à grande échelle de la  Covid-19

explique un agent de l’ordre.

 « Les uns en profitent et d’autres murmurent »

Après la dispersion de la foule, une activité rémunératrice s’est aussitôt créée sur les lieux. Il s’agit du droit d’accès à la morgue négocié autour de 1000 FC et 1500 FC, selon l’humeur du policier.

Les policiers m’ont exigé de leur payer 1000 FC avant d’entrer à la morgue. Je  les ai suppliés sans succès. Ils m’ont répondu que la dernière décision me revenait. Voilà comment la corruption se fait à ciel ouvert

a réagit un membre de la famille éplorée.

A quelques encablures de la morgue, au sein de la commune, une messe funéraire était en train d’être dite.

Ils sont plus de  vingt personnes. Mais, nous, nous sommes là depuis longtemps et la police nous disperse à tout moment disant qu’elle suit l’ordre édictée par le Président de la République en matière de rassemblement public en période de confinement. Ce qu’on voit sur terrain est une autre chose. Deux poids, deux mesures. Nous sommes dans l’impossibilité même de nous rapprocher de notre cercueil. Les uns sont favorisés et les autres soumis au diktat de la police

murmure un jeune-homme resté en dehors de l’enclos de la commune

S’il est entendu que le respect des gestes barrière et la distanciation sociale valent la chandelle en tant que paravent à l’effet contagieux de la pandémie à coronavirus, des failles sont cependant enregistrées dans leur exécution. La police censée assurer leur application verse malheureusement dans le marchandage et le monnayage de ses services sans aucune rigueur dans la mission lui assignée. C’est ainsi que « Femmes d’Afrique » invite les congolais au respect et à la conscience individuelle afin de faire bloc contre la Covid-19.

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