Dans l’optique d’évaluer l’impact du rôle des femmes dans le circuit bancaire et de mesurer leur degré de responsabilité au sein des institutions financières en République démocratique du Congo, Esther Nkoji Tshiabu, contrôleur interne à la Sofibanque, au cours d’ une interview accordée à Femme d’Afrique magazine , elle nous partage son expérience dans ce secteur.
Femme d’Afrique Magazine : Pourriez-vous vous présenter à nos lecteurs et lectrices ?
Esther Nkoji : Je m’appelle Esther Nkoji Tshiabu. Je suis congolaise, âgée de 30 ans, mariée et mère de deux enfants.

FDA : Parlez nous brièvement de votre parcours académique et professionnel ?
ENT : J’ai obtenu mon diplôme d’Etat au Lycée Motema Mpiko en pédagogie générale en 2012. Par la suite, j’ai obtenu une licence en économie et développement à l’UCC en 2017. De 2018 à 2022, j’ai travaillé à la banque TMB en tant que contrôleur interne.
Ensuite, de 2022 à 2023, j’ai été embauchée à la Rawsur dans le même poste. Actuellement, je suis employée à la Sofibanque en tant que contrôleur interne depuis Janvier 2024.
FDA: En tant que femme évoluant dans le secteur bancaire, quelle est votre lecture de la situation économique des femmes aujourd’hui?
ENT : En tant que femme évoluant dans le secteur bancaire, je pense que la situation économique des femmes s’est améliorée ces dernières années, mais des défis persistent, notamment sur les quelques points clés.
Il s’agit de l’accès à l’emploi, où des progrès notable ont été réalisés, car de plus en plus de femmes accédent à des postes dans l’industrie bancaire. Cependant, des écarts de représentation subsistent, surtout aux niveaux hiérarchiques supérieurs.
Concernant l’écart salarial entre hommes et femmes, bien qu’il ait diminué, il demeure dans le secteur, et des efforts sont donc nécessaires pour atteindre la parité.
Quant à l’évolution de carrière, les femmes font souvent face à des défis supplémentaires pour progresser et accéder aux postes de direction. Il est essentiel de renforcer les initiatives de mentorat et de formation.
Il est également important d’aborder la conciliation entre la vie professionnelle et la vie privée, qui constitue un défi majeur, en particulier pour les mères. Des politiques de flexibilité et de soutien à la parentalité sont essentielles.
De plus, l’accessibilité au financement reste un enjeu majeur, car les femmes entrepreneures peinent parfois à obtenir les mêmes conditions de financement que leurs homologues masculins. Des programmes d’accompagnement sont donc nécessaires.
D’une manière générale, des progrès encourageants ont été réalisés, mais il reste encore du travail à faire pour atteindre une véritable égalité économique entre hommes et femmes dans le secteur bancaire. Une approche globale, impliquant les entreprises, les pouvoirs publics et la société dans son ensemble, est cruciale.
FDA : La Sofibanque donne t- elle une place de choix à la femme ? Cette dernière se sent-elle épanouie dans votre banque?
ENT : Oui, la Sofibanque s’efforce de se démarquer des autres banques en offrant aux femmes une place de choix. Un bon nombre de femmes y occupent des postes de responsabilité. En tant que femme travaillant à la Sofibanque, je me sens épanouie dans mon métier.
FDA: S’il faut parler de la parité, la banque respecte-t-elle ce principe ?

ENT : Comme je l’ai mentionné précédemment, il y a eu des progrès encourageants dans l’ensemble. Cependant, il reste encore du travail à faire pour atteindre une véritable parité entre les homme et les femmes dans le secteur bancaire.
FDA : Aujourd’ hui, nous avons une femme à la tête du gouvernement. Du point de vue économique, pensez-vous qu’elle pourra renverser les tendances et stabiliser la monnaie locale ?
ENT: La nomination d’une femme à la tête du gouvernement est sans aucun doute une étape historique et porteuse d’espoir pour l’égalité des genres. Cependant, sa capacité à stabiliser l’économie et la monnaie locale dépendra de plusieurs facteurs.
Tout d’abord, il faudra examiner son expérience et ses compétences en matière de politique économique. Une solide expertise dans des domaines tels que les finances publiques, la politique monétaire et la régulation des marchés sera cruciale. Ses choix d’équipe et de conseillers économiques seront également déterminants.
Il sera essentiel de déterminer dans quelle mesure elle saura non seulement s’entourer d’institutions économiques indépendantes et compétentes, mais aussi s’appuyer sur celles-ci. Une approche pragmatique, favorisant le dialogue avec les acteurs économiques, sera sûrement bénéfique.
De plus, sa capacité à regagner la confiance des marchés et des investisseurs, tout en protégeant les plus vulnérables, sera cruciale. Une vision à long terme, accompagnée des mesures concrètes et crédibles, pourrait contribuer à stabiliser la monnaie locale.
En résumé, bien qu’une femme à la tête du gouvernement ne garantisse pas un succès économique immédiat, cela ouvre la voie à de nouvelles approches et perspectives prometteuses. La réussite dépendra de sa vision, de son expertise et de sa capacité à rassembler les énergies pour relever ces défis complexes.
FDA : La banque offre-t-elle des produits qui accompagnent la femme?
ENT : Jusqu’à présent, la banque n’offre pas encore de produits spécifiquement destinés à accompagner les femmes.
FDA : Quel est votre mot de la fin?

ENT : J’encourage vivement les femmes à continuer à se battre pour faire valoir leurs droits et à promouvoir la parité. Il est également important d’éduquer nos enfants dans le même sens.