Il suffit de parcourir les quartiers populaires de Kinshasa, capitale de la RDC, pour constater la prolifération des agences de pari sportif et leurs points de vente installés sur presque chaque avenue, de manière à faciliter l’accessibilité à ce jeu de hasard à tout le monde.
Ces établissements reçoivent du monde dès le matin. Les parieurs, programmes des matchs et billets de banque en main, tentent leur chance dans l’espoir de tomber sur un jackpot. Curieusement dans le lot, il n y a pas que des hommes. On note sans conteste, une affluence des jeunes femmes et mères de familles, qui se prêtent au jeu.
Qui avait dit que le pari sportif n’intéressait pas les femmes ? Autrefois, c’était l’apanage des hommes. Il est très courant de remarquer aujourd’hui à Kinshasa que ce jeu de hasard fait partie du quotidien des femmes, tout âge confondu. Elles sont visibles très tôt devant les points de vente, pagne à la hanche, filet sur la tête, très souvent presque pas apprêtées, chacune, combinaison des chiffres en tête, tente sa chance devant la machine.
Notons que les différentes sociétés y relatives proposent une gamme complète de pari en ligne et hors ligne, couvrant des disciplines telles que le football, le basketball, le tennis, le MMA, la boxe, le handball, le hockey sur glace, le tennis de table, le volley-ball et autres.
D’après certains témoignages, celles qui se lancent à peine dans ce jeu de hasard, s’appuient souvent sur les conseils des hommes ou sur les tickets préalablement joués par ces derniers, surtout les plus expérimentés. C’est la tentation des gains conséquents réalisés par certains hommes qui pousse finalement ces femmes là à tenter leur chance.
Pari sportif à la rescousse des femmes
Il sied de relever que la dépendance féminine à ce jeu de hasard, est le résultat du taux élevé de chômage qui n’épargne personne à Kinshasa. Le pari sportif est vu par beaucoup d’entre ces femmes Kinoises, particulièrement, comme une roue de secours. Sans oublier que c’est le cas aussi pour plusieurs familles, car, l’argent obtenu du pari, paie les frais scolaires, académiques et contribue même au panier de la ménagère, comme l’explique Bibiche Mboyo, une parieuse trouvée dès les petites heures du matin devant un point de vente à super lemba.
« Je suis une femme au foyer, mon mari est fonctionnaire et nous savons très bien combien ils sont payés. Nous hébergeons beaucoup de gens à la maison et les nourrir tous est un vrai combat de titan. Depuis que j’ai découvert que je pouvais jouer au pari sportif et gagner de l’argent, j’en ai fait ma roue de secours, aujourd’hui avec cet argent je peux bien faire le marché, payer certaines factures et si dans les prochains jours je gagne un jackpot, je vais créer un commerce, parce que avec ce jeu, il n’y a pas que les jours heureux » a révélé cette mère de famille.
Même son de cloche du côté de Nicole Sambu, une autre parieuse, vendeuse dans un marché de fortune à côté de la station Salongo à lemba, rencontrée devant son étalage.
« Le pari foot ou sportif est venu nous sauver ici à Kinshasa, avec mes gains je ravitaille de temps en temps ma marchandise, cela me permet de m’en sortir et m’occuper de mes enfants, je suis veuve et la vie est dure » s’est-elle confiée.
Il faut retenir que la chance de décrocher le jackpot ne sourit pas deux fois et Joséphine Mayele l’avait bien compris.
« J’ai eu la chance de gagner une importante somme d’argent qui m’a permis d’acheter une taxi moto, grâce à ça je me suis rendue autonome en attendant le mariage, ce genre d’occasion ne revienne pas deux fois et il faut savoir en profiter ».
Par ailleurs, la participation de la gente féminine dans ce jeu de hasard, a su changer la donne comme l’explique Natacha Nzumba, l’une des responsables du point de vente d’une des sociétés de pari sportif à lemba terminus.
« Plusieurs de nos potentiels clients aujourd’hui sont des femmes, elles viennent jouer très souvent et gagnent aussi. La participation de la femme dans l’industrie du pari sportif va au-delà de la simple participation en tant que parieuse ou agent dans les guichets dont la plupart sont visibles à travers les rues de Kinshasa. Elle a également entraîné un changement dans la manière dont le pari sportif fonctionne et est perçu. Les entreprises conçoivent désormais des campagnes marketing plus inclusives et diversifiées pour attirer le nombre croissant des parieuses », a-t-elle fait savoir.
Signalons qu’en août dernier, le Ministre des finances, Doudou Fwamba avait imposé des dispositions fiscales auprès des opérateurs des jeux de hasard sur l’ensemble du territoire national.
Des mesures ont été prises à ce sujet, entre autres, l’instauration des taxes sur l’autorisation d’exploitation et des gains des joueurs parieurs qui devront désormais être payées à la Direction de la réglementation financière, et ce, dans l’objectif de réglementer ce secteur très fructueux, mais longtemps ignoré par l’État.
Maria Maba
