Bien moins fréquemment que les femmes, les hommes peuvent également présenter les symptômes d’une infection urinaire mais qui est, pour de nombreuses raisons, bien différente. « L’infection urinaire masculine doit être diagnostiquée et prise en charge rapidement car ses conséquences peuvent être graves ».
A quoi correspond une cystite chez l’homme ?
La cystite chez l’homme, comme chez la femme, correspond à une infection ou inflammation de la vessie. Néanmoins, le terme de « cystite de l’homme » fait aujourd’hui débat puisqu’il n’est pas clairement démontré que l’homme puisse avoir une cystite simple sans atteinte prostatique. En effet, la prostate joue un rôle de filtre c’est pourquoi il est actuellement considéré qu’une cystite chez l’homme est en fait une prostatite aiguë (inflammation ou infection de la prostate) à bas bruit que l’on nomme parfois également « cystite like » (ce terme servant à désigner une prostatite dont le tableau clinique est sans gravité). « Le terme de cystite ne devrait donc pas être employé chez l’homme », confirme notre expert.
Par ailleurs, les infections urinaires sont moins fréquentes chez l’homme qui possède un urètre plus long (les bactéries ont plus de mal à remonter) mais aussi car la distance entre l’anus (siège des bactéries) et l’orifice urinaire, est plus importante que chez la femme.
Symptômes de la cystite chez l’homme
Ils apparaissent en général relativement brutalement et sont les mêmes que chez la femme :
- Une envie fréquente d’uriner pour des petites quantités (pollakiurie) ;
- Des brûlures lors de la miction ;
- Une envie urgente d’uriner (urgenturie) ;
- Parfois des fuites urinaires.
Ces symptômes, lorsqu’ils sont associés à de la fièvre notamment, constituent le tableau clinique de la prostatite aiguë. « Qu’ils soient ou non associés à de la fièvre, ces symptômes ne sont pas à prendre à la légère et nécessite chez l’homme une consultation dans les plus brefs délais », recommande Dr Maxime Vallée.
Quelles sont les causes ?
Chez les hommes jeunes, les infections urinaires sont rares et sont plus fréquemment causées par des bactéries sexuellement transmissibles comme le Chlamydia ou le gonocoque. En cas d’infection à gonocoque, le tableau clinique est plutôt celui d’une urétrite (inflammation de l’urètre que l’on appelle vulgairement la « chaude pisse« ) : émission de pus par l’urètre et brûlures mictionnelles qui sont dans ce cas majeures. Mais on peut également plus volontiers voir des prostatites ou des épididymites (infection de l’annexe du testicule) lors d’infection à Chlamydia.
Chez les hommes à partir de 50 ans, l’hyperplasie bénigne de prostate est la principale cause des troubles du bas appareil urinaire et de la vidange vésicale. « Lorsque la prostate grossit, l’homme peut parfois avoir du mal à vider sa vessie et la miction s’accompagne alors d’efforts de poussées que l’on appelle dysurie. A terme, ces efforts de poussées répétés peuvent entraîner une moindre efficacité de la contraction du muscle vésical et la vessie ne se vide alors plus complètement. Il y alors un risque que des bactéries se multiplient dans ces urines non évacuées. La dysurie et le résidu post-mictionnel sont des causes importantes d’infections urinaires ».
Des conséquences plus graves que chez la femme
Contrairement à une idée reçue, la cystite de la femme évolue très rarement vers une pyélonéphrite (sauf anomalie de l’arbre urinaire chez certaines patientes ou autres pathologies associées pouvant favoriser cette complication). Chez la femme, la cystite se résout spontanément dans environ 50 % des cas sans traitement à condition de boire énormément d’eau afin d’avoir un effet « chasse d’eau », la vidange vésicale fréquente permettant d’empêcher la pullulation microbienne dans la vessie. « Un traitement antibiotique est en général donné pour traiter la gêne et la douleur ressenties par les patientes », précise notre spécialiste.
Chez l’homme, il faudra d’abord déterminer s’il s’agit d’une prostatite aiguë à bas bruit (« cystite like« ) ou d’une véritable prostatite aiguë. Mais quoi qu’il en soit, ce type d’infection chez l’homme nécessite toujours la mise en place d’un traitement antibiotique.
Diagnostic et traitement
La fièvre, des frissons et une fatigue inhabituelle seront les principaux signes d’alerte qui permettent de différencier une prostatite sans gravité d’une prostatite potentiellement compliquée. Sans présence de fièvre, de signe de gravité clinique ou de complication comme l’impossibilité totale d’uriner, le traitement pourra être ambulatoire. Le médecin va d’abord réaliser un examen clinique puis un toucher rectal afin d’examiner la prostate. Puis il prendra le temps de demander un ECBU (examen cytobactériologique des urines) afin d’identifier le germe responsable. Il pourra ensuite, 48 heures après et grâce au résultat de l’ECBU, prescrire le bon antibiotique avec le spectre le plus efficace durant 14 jours.
En cas de fièvre et de suspicion de prostatite aiguë potentiellement compliquée, celle-ci devra être traitée très rapidement. Un patient présentant une prostatite aiguë avec des signes de gravité doit absolument être hospitalisé car il y a un risque de choc septique en l’absence d’une prise en charge rapide. Dans ce cas, le médecin n’attend pas le résultat de l’ECBU. Le traitement antibiotique se fait par voie intraveineuse avec un ou deux antibiotiques avant ou après la réalisation des examens complémentaires selon la gravité de l’infection (prise de sang, ECBU, échographie/ scanner).
Quelle prévention ?
La prévention passe surtout par la prise en charge des pathologies sous-jacentes étant à l’origine des infections urinaires : hyperplasie bénigne de prostate, rétrécissement de l’urètre, maladie neurologique à l’origine de trouble de la vidange vésicale, prévention des infections sexuellement transmissibles…
La nécessité d’une hydratation régulière sur l’ensemble de la journée en buvant au moins 1,5 à 2 litres d’eau permet également de limiter la stagnation des urines dans la vessie mais sous réserve que celle-ci se vide correctement.