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Politique

Inspectrice Portia Adrienne Deya Abazene : « J’ai dû faire beaucoup de concessions pour équilibrer ma vie de famille »

Elles ne sont pas beaucoup en République Centrafricaine, les femmes qui commandent. Mais celles qui existent ont toutes quelque chose qui les distinguent des autres. C’est le cas de Portia Adrienne DEYA ABAZENE, inspectrice des douanes, correspondante nationale auprès du Bureau de Liaison Chargé du Renseignement pour l’Afrique Centrale et les Grands Lacs (BRLR-AC), et Cheffe de Brigade Commerciale de la Recette de la Gare Routière Nationale de Bangui.

Après plus de onze ans d’expérience dans la lutte contre les crimes économiques ainsi que dans l’administration des régies financières, cette jeune femme centrafricaine a développé des compétences opérationnelles solides et des qualités exceptionnelles qui font d’elle l’une des rares femmes cadres de son pays. Déterminée, persévérante, disciplinée, fiable, diplomate et sociable, Portia Adrienne DEYA ABAZENE a la bonne maîtrise des risques. Mariée et mère de huit enfants, elle n’a aucune difficulté à gérer son foyer malgré la charge lourde de sa mission. Elle a accepté de répondre aux questions de Femme D’Afrique Magazine (FAM).

FAM : Pourriez-vous vous présenter pour nos lecteurs ?

Portia : Je suis Portia Adrienne DEYA épouse d’ABAZENE, mère de huit enfants. Je suis Inspectrice des douanes, correspondante nationale auprès du Bureau de liaison Chargé du Renseignement pour l’Afrique Centrale et les Grands Lacs (BRLR-AC), et Cheffe de Brigade Commerciale de la Recette de la Gare Routière Nationale de Bangui. Je suis aussi experte en comptabilité douanière, en fiscalité publique, en gestion administrative, en gestion financière, en négociations diplomatiques (ancienne conseillère chargée d’Administration, des Finances à l’ambassade de Centrafrique en Belgique), en analyse et gestion des risques, en management des organisations, en procédures douanières et en gestion du changement stratégique.

FAM : Quelle est votre mission au sein de la douane centrafricaine en général et pour le poste que vous occupez en particulier ?

Portia : En général, nous avons comme mission, la perception des droits et taxes, la protection de l’espace économique et la protection de la population. En particulier, ma mission en tant que Cheffe de Brigade Commerciale de la Recette est d’effectuer la conduite et la mise en douane des marchandises périssables et en vrac, de tenir le journal de cotations des agents, de protéger la population dans la lutte contre les faux médicaments, de prendre en charge les marchandises en aire de dédouanement dans les entrepôts sous douanes et chez le commissionnaire, de garantir le respect de la réglementation et faire appliquer la procédure douanière, et enfin, de vérifier les sorties des marchandises après dédouanement.

FAM : Quels sont les moments forts de votre carrière à la douane ?

Portia : C’est d’abord le fait de mon intégration à la douane. J’ai commencé à la douane comme stagiaire avant tout. Par la suite, j’ai été intégrée comme fonctionnaire. En 2019, la hiérarchie m’a confié la présidence de la commission transport et logistiques du Comité d’organisation de la vingt deuxième réunion du comité des experts et vingt quatrième conférence des Directeurs Généraux des douanes de la région « Organisation Mondiale des Douanes – Afrique Occidentale et Centrale ». Aussitôt après, j’ai été promue comme Cheffe de la deuxième brigade douanière de Bangui. Cette année 2022, on m’a confié la présidence du comité d’organisation de la Journée Internationale de la Douane (JID).

FAM : Avez-vous rencontré des difficultés particulières dans l’accomplissement de votre mission ?

Portia : Cela ne manque pas. Parce que je suis une femme, les autres ont tendance à limiter mon droit à l’expression. Ils m’obligent parfois à ne pas dire certaines choses qu’ils pensent qu’une femme n’a pas le droit de dire dans notre société. Certains opérateurs économiques ont un complexe d’infériorité face à ma féminité. Ils n’ont pas l’habitude de voir des femmes commander. C’est difficile mais j’en fais personnellement une force qui me permet d’aller au-delà. Aussi la gestion de mes collaborateurs n’est pas facile. Je suis cheffe grâce à eux, donc je dois les mettre à l’aise dans l’exercice de leurs fonctions. Mais au-delà de tout, j’ai beaucoup appris de ces difficultés.

FAM : En tant que femme au foyer et en même temps commandante de brigade, comment gérez-vous votre vie conjugale et votre vie professionnelle ?

Portia : Au début, ce n’était pas facile. Mais aujourd’hui, je m’en sors mieux. J’ai dû puiser des exemples ailleurs chez les grandes femmes notamment Camara Alice, Lady Sonia, Hillary Clinton, Michelle Obama et d’autres femmes influentes. Je lis aussi beaucoup. Je lis des littératures sur la vie de famille et beaucoup d’autres livres sur les femmes qui ont impacté le monde. J’ai dû faire aussi beaucoup de concessions pour équilibrer ma vie de famille car mon mari est de confession musulmane et moi de confession chrétienne. Cette différence m’a aidé à travailler sur moi-même. J’ai aussi suivi des formations en développement personnel avec Lady Sonia. C’est un investissement personnel qui m’a beaucoup aidé.

FAM : Quels conseils voudriez-vous donner aux autres femmes d’Afrique qui sont dans la même posture que vous ?

Portia : Je conseille à ces femmes de continuer à se battre ; de ne pas baisser les bras ; de ne pas considérer leur féminité comme une faiblesse ou un handicap. Je leur conseille aussi d’oser et de rêver grand. Tous les matins, elles doivent se réveiller avec une voix à l’intérieur d’elle qui crie : « Oui c’est possible. Je peux le faire ». Et surtout, elles doivent mettre Dieu devant. Elles doivent se dire qu’avec Dieu elles feront des exploits. Il ne faut pas aussi dire qu’on est déjà arrivé car elles doivent se perfectionner à chaque occasion. Elles doivent aussi considérer la bénédiction que Dieu a donnée aux autres grandes dames pour que celles-ci deviennent une source de bénédiction pour elles.

Propos recueillis par Lionel Daworo
Correspondant de FAM en Centrafrique

L'auteur

Christelle Mpongo, Éditrice Général, Fondatrice du Magazine Femme d'Afrique.