Aujourd’hui plus qu’hier, la violence sexuelle et ses conséquences demeurent en République démocratique du Congo, une grande préoccupation. La persistance de ce phénomène inquiète. Les dernières statistiques en date reflètent l’ampleur de ce fléau en pleine expansion avec ses effets dévastateurs sur le tissu social. Des milliers de femmes et des jeunes filles sont, aujourd’hui victimes d’actes horribles des violences sexuelles de la part des hommes armés.
L’hôpital de référence de Mpanzi à Bukavu (au Sud Kivu) qui accueille chaque mois près de 300 femmes meurtries dans leur chair, donne la mesure du drame qui s’est davantage corsé en début de l’année 2013. Partout où existent des foyers de tension sur fond de conflit armé, le viol est de plus en plus utilisé comme une arme de destruction physique, psychologique, voire sociale. Des vies sont détruites et des communautés entières déchirées du fait de cette barbarie. Le moment est venu d’exhorter à une prise de conscience collective à l’échelle planétaire. Dans cette optique, la résolution 2106 sur l’éradication de la violence sexuelle en zone de conflit votée au mois de juin dernier au Conseil de sécurité des Nations-unies se présente comme un acte de foi de la communauté internationale traduisant sa réelle volonté d’éradiquer définitivement cette tragédie sociale.
Cette résolution recommande aux gouvernements de défendre les Droits de l’homme et l’Etat de droit, mais aussi, d’assurer aux victimes un meilleur accès aux services de santé sexuelle et reproductive. En accompagnement à cet engagement qui complète un dispositif mis en place depuis le début du millénaire, grâce notamment à l’adoption de la résolution 1325 du Conseil de sécurité – la première dans laquelle l’Onu a traité de l’impact disproportionné et tout à fait particulier des conflits armés sur les femmes – j’estime qu’il est temps de poursuivre les auteurs des viols afin qu’ils répondent de leurs actes. La stigmatisation, la honte et l’opprobre devraient dorénavant changer de camp.
Il est inadmissible que les victimes qui n’ont, jusqu’ici, reçu aucune justice puissent continuer à attendre désespérément une réparation pendant que les auteurs de ces actes ignobles courent paisiblement les rues et se la coulent douce, exemptés de toute poursuite. J’en appelle donc à la conscience des Nations et des peuples, en Afrique et ailleurs, pour faire de la prévention de la violence
sexuelle une volonté du corps social, une responsabilité commune devant faire l’objet d’une appropriation collective à tous les niveaux. En sus de cela, des moyens conséquents devraient être alloués aux gouvernements, aux ONGs ainsi qu’aux particuliers qui œuvrent dans ce créneau pour qu’à terme, la violence sexuelle ne représente plus qu’un lointain souvenir…