Société

Genocost: les larmes d’une femme victime amputée des deux jambes

Une femme amputée des deux jambes, victime de la guerre des six jours, qui a opposé les armées ougandaise et rwandaise à Kisangani du 5 au 10 juin 2000 en République démocratique du Congo, a fait un témoignage émouvant lors de la commémoration du 2ème anniversaire du Génocide congolais pour des gains économiques (GENOCOST).
Cet événement a été organisé le 2 août 2024 à Kisangani, en présence de la Première ministre, Judith Suminwa, des membres du gouvernement, des victimes et d’autres personnes venues des différents horizons.

Mme Toto Folo a relaté que “ j’étais en troisième année primaire, âgée de neuf ans, lorsque les armées ougandaise et rwandaise se sont affrontées ici chez nous. Après entendu de coup des balles, j’ai pris la fuite avec ma petite sœur pour nous réfugier dans l’orphelinat se trouvant en face des méthodistes. Sur le lieu, nous avons trouvé une grande sœur, et nous nous sommes cachées sous le lit toutes les trois pour nous mettre à l’abri “.

Et de poursuivre :” Soudain, une bombe est tombée là où nous étions, et mes deux jambes ont été écrasées. J’ai été transportée dans une autre chambre et une deuxième bombe m’a encore frappé à la même partie du corps  », a témoigné la victime fondue en larmes.

Selon Toto Folo, celles qui étaient avec elle ont pris la poudre d’escampette, croyant qu’elle était morte. Alors qu’elle saignait abondamment, elle a tout de même rassemblé ses efforts pour ramper jusqu’au salon. C’est alors qu’une grande sœur est arrivée, en posant la question de savoir s’il y avait quelqu’un dans la maison parce que tout était dans le noir, dit-elle.

“ C’est grâce à elle que ma mère est venue me chercher pour m’amener à l’hôpita, malgré le crépitement des balles. Car ma mère se disait que si je dois mourir, il serait mieux que cela se passe dans une formation médicale. Le docteur Soki a pris la décision d’amputer une seule jambe dans l’espoir de sauver une autre ”, a révélé la victime dans une grande émotion.

Mme Folo a également fait savoir que tous les infirmiers ont abandonné le service pour sauver leur vie. C’est ainsi que le médecin a encore amputée la deuxième jambe étant donné qu’elle a été infectée.

“ A l’âge de neuf ans, je n’avais plus des jambes et ma vie a sombré. Qu’est-ce que j’ai fait pour mériter un tel sort ? Des étrangers ont laissé leurs pays pour se battre chez nous et ruiner ma vie. Je souffre atrocement en cherchant à porter des prothèses qui coûtent 5.000$. Ma famille, très pauvre, n’est même pas en mesure de me les procurer « , a temoigné Toto Folo, victime de l’affrontement militaire de ces deux armées étrangères.

Suite à ces témoignages, certains ministres présents à la manifestation et d’autres congolais n’ont pas pu retenir leurs larmes. Le Ministre d’Etat en charge de la Justice, Constant Mutamba, qui a vécu également les atrocités de la guerre de six jours, a été sous le choc.

Il convient de signaler que près de trois décennies, la République démocratique du Congo continue à pleurer ses morts sous l’œil indifférent de la communauté internationale.

Serge Musene

L'auteur

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