Interview

Général Ghislaine Léa Yangongo : « La femme centrafricaine est au cœur du développement de sa patrie »

Promue au grade de Général de Brigade aérienne, le Général de brigade Ghislaine Léa Yangongo, née Koualet-Yangueme Ndangwi, est la première femme centrafricaine à arborer le grade de Général au sein de l’armée centrafricaine.

Recrutée dans l’armée de l’air en 1997, Ghislaine Léa Yangongo a obtenu un diplôme d’officier lui permettant de gravir les échelons traditionnellement dominés par des hommes. Dans son parcours professionnel, elle a suivi le cursus d’État-Major de Libreville (Gabon), avant d’être admise à l’École de guerre de Paris en France, puis au Collège des hautes études de stratégie et de défense.

Mariée au Général Xavier Sylvestre Yangongo et mère de deux enfants, le Général de brigade Ghislaine Léa Yangongo est un modèle de détermination et de professionnalisme pour les femmes militaires et jeunes filles centrafricaines. Elle veut relever le défi de la promotion de l’égalité du genre basée sur l’équité et de la lutte contre les violences faites aux femmes au sein de l’armée centrafricaine.

Au cours d’une interview accordée à Femme d’Afrique Magazine, elle nous relate son parcours.

Femme d’Afrique Magazine : Pouvez-vous vous présenter à nos lecteurs et lectrices ?

Ghislaine Léa Yangongo Koualet : Je suis le Général de brigade aérienne Ghyslaine Léa Yangongo Koualet des Forces armées centrafricaines. J’ai intégré l’armée en 1997 et, aujourd’hui, je cumule 27 ans de service.

FDA : Parlez-nous un peu de votre parcours professionnel ?

YGK : J’ai intégré l’armée en 1997, précisément au sein de la force aérienne centrafricaine. J’ai fait mes études universitaires à l’Université de Bangui avant de partir en formation en France, où j’ai bénéficié d’une formation initiale d’officier à l’École de guerre de Paris en tant qu’officier mécanicien.

Peu après, je suis retournée en Centrafrique, où j’ai exercé au sein de la base aérienne pendant plus de 15 ans. Entre-temps, j’ai suivi plusieurs formations dans différents pays.

FDA : Vous êtes aujourd’hui la première femme militaire à arborer le galon de Général dans les rangs des Forces armées centrafricaines (FACA). Quelle signification accordez-vous à cette nomination ?

YGK : C’est un grand honneur pour moi d’être la première femme promue Général dans l’armée centrafricaine. C’est également une immense joie, non seulement pour moi, mais aussi pour ma famille, qui a suivi mon évolution jusqu’à ce niveau, ainsi qu’une reconnaissance de la part des autorités militaires centrafricaines.

La femme centrafricaine a toujours été mise en avant, et cela a été le cheval de bataille du Président de la République, Chef de l’État et Chef suprême des armées, Faustin-Archange Touadéra. Il fait de la promotion de la femme l’un de ses objectifs phares, et cette nomination en est une preuve concrète.

Avec cette avancée, nous pouvons dire que la République centrafricaine est l’une des nations qui mettent en avant la promotion et l’autonomisation de la femme, non seulement au niveau national, mais aussi régional et international.

FDA : En termes de bilan, que pourrait-on retenir de votre passage au Secrétariat général du Conseil supérieur de la condition militaire de l’armée centrafricaine ?

YGK : Bien qu’en formation au sein du Collège des hautes études de stratégie et de défense (CHESD) en RDC, j’occupe toujours le poste de secrétaire général à la condition militaire, poste auquel j’ai été nommée en 2020.

Ce service, mis en place depuis 2001, a pour mission de formuler des recommandations et des propositions pour améliorer les conditions de travail des militaires tout en prenant en compte leur famille. Chaque année, nous soumettons des propositions à la haute hiérarchie sur l’avancement en grade, la carrière militaire et l’intégration du genre dans l’armée.

Les premières femmes ont intégré l’armée en 1971, mais de nombreux défis subsistent encore. Nous avons cependant réussi à créer un service dédié à l’aspect genre, rattaché au cabinet du ministre de la Défense nationale.

FDA : Dans une institution militaire hautement patriarcale, comment entendez-vous vous en sortir face aux stéréotypes encore présents en Afrique ?

YGK : Effectivement, certaines traditions africaines perpétuent encore l’idée que certaines fonctions ne sont pas accessibles aux femmes. Mais aujourd’hui, cette perception évolue.

En Centrafrique, nous avons déjà eu une femme Présidente de la République, une femme ministre de la Défense et plusieurs femmes occupant des postes stratégiques. Au sein des Forces armées, la femme a toute sa place aux côtés de ses collègues masculins pour bâtir sa carrière et servir son pays conformément aux règlements militaires.

FDA : Que conseillez-vous aux jeunes filles souhaitant embrasser la carrière militaire ?

YGK : Elles sont toutes les bienvenues et ont leur place au sein de l’armée. L’institution militaire regroupe de nombreux métiers accessibles à tous, quel que soit le niveau intellectuel.

Que ce soit dans la conduite, l’hôtellerie ou au sein d’unités opérationnelles, chaque femme peut trouver sa voie. Je leur conseille de s’engager avec détermination, de se faire valoir par leur travail et de respecter les règlements militaires, car ce métier exige discipline et engagement.

FDA : Pensez-vous que la promotion du genre dans l’armée soit une bonne chose ? Quel peut être l’apport des femmes au sein des forces armées ?

YGK : La femme a sa place dans tous les corps de métier de l’armée, qu’ils soient opérationnels ou stratégiques.

Les crises actuelles montrent que les principales victimes sont souvent les femmes et les enfants. Une femme militaire comprend mieux ces réalités et peut jouer un rôle crucial dans les missions de maintien de la paix et de sécurité.

Par ailleurs, la fonction militaire autorise l’usage de la force, mais la sensibilité et l’humanité des femmes permettent d’apporter une approche plus équilibrée aux actions militaires sur le terrain.

FDA : L’un de vos grands défis sera de promouvoir l’égalité du genre et la lutte contre les violences basées sur le genre au sein des FACA. Comment allez-vous procéder ?

YGK : Chaque année, les femmes sont autorisées à intégrer l’armée, mais nous devons aller plus loin en développant une doctrine qui intègre réellement la dimension genre dans les missions militaires.

Nous avons mis en place un service spécifique qui garantit aux femmes militaires des opportunités de formation et d’évolution au même titre que les hommes, indépendamment de leur unité d’affectation.

FDA : Comment conciliez-vous votre vie de famille et votre engagement professionnel ?

YGK : Ce n’est pas facile, mais j’ai la chance d’avoir un mari compréhensif qui me soutient pleinement.

Cela fait sept mois que je suis en formation à l’étranger, loin de ma famille. Mon mari et mes enfants doivent composer avec mon absence. Heureusement, grâce à la confiance et la complicité que nous avons bâties, nous arrivons à gérer cette situation.

Quand je rentre à la maison et que j’enlève mon uniforme, je redeviens une épouse et une mère.

FDA : Quel regard la société centrafricaine porte-t-elle sur les femmes sous le drapeau ?

YGK : L’image de l’armée a évolué. Avant, elle était perçue comme un univers strictement masculin.

Aujourd’hui, avec les mutations et les crises, l’armée ne se résume plus à la force physique. Elle exige réflexion stratégique et anticipation. Grâce à ma nomination, j’espère que nous ferons encore un grand pas vers l’émancipation des femmes au sein des forces armées.

FDA : Une certaine opinion vous considère comme un modèle pour les femmes militaires centrafricaines. Qu’en pensez-vous ?

YGK : Je ne parlerai pas de moi-même, mais j’espère que ma carrière pourra inspirer d’autres femmes.

Le travail acharné, la formation et la motivation sont les clés de la réussite. Aujourd’hui, je suis reconnue parmi mes collègues au niveau national et international, et c’est cela qui me pousse à continuer à me surpasser.

L'auteur

Christelle Mpongo, Éditrice Général, Fondatrice du Magazine Femme d'Afrique.

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