Le jeudi 12 juin 2025, ONU Femmes, en collaboration avec la Commission Électorale Nationale Indépendante (CENI), le Ministère du Genre, Famille et Enfant, ainsi que le Parlement, a organisé un Café Genre, centré sur les réformes électorales en République Démocratique du Congo.
Cette rencontre visait à réfléchir sur les enjeux fondamentaux liés à la démocratie congolaise autour de la question : Comment favoriser une plus grande participation en politique des femmes lors des élections de 2028 ?
Un Droit fondamental à garantir

Au cours de son discours d’ouverture, Catherine Odimba, Représentante d’ONU Femmes en RDC, a souligné que la participation en politique des femmes, n’est pas un privilège mais un droit fondamental. Elle a insisté sur la nécessité de réformer les scrutins qui entravent cette participation. Parmi ses recommandations figurent la mise en place d’une réforme législative sur la parité obligatoire et l’obligation de respecter un quota minimum sur les listes électorales.

La rencontre a été rythmée par trois panels animés par des intervenants de renom, notamment, le Professeur Jacques Djoli, qui a représenté le Président de l’Assemblée nationale, l’Honorable Vital Kamerhe, la Princesse Dominique Munongo, Rapporteure adjointe de la chambre basse du parlement, Joséphine Ngalula, membre de la CENI, Luc Lutala, Grâce Lula du CAFCO, le Professeur Bope, Délégué du ministère des PVH, le Sénateur Justin Kalumba ou encore le Professeur Gaspard Ngondakoy, etc.
Premier Panel : Communication introductive sur les expériences vécues lors des élections

Ce premier panel a connu l’intervention de la Députée nationale Dominique Munongo et du Professeur Jacques Djoli. Ce dernier a salué l’initiative d’ONU Femmes et appelé à l’instauration de mécanismes contraignants pour obliger les partis politiques à respecter la parité. Il a fait référence aux modèles rwandais et sénégalais, où des quotas ont permis une meilleure représentation des femmes dans les instances décisionnelles.

Quant à la Princesse Munongo, elle a partagé son expérience personnelle pendant les dernières élections, mettant en lumière les défis majeurs auxquels font face les femmes candidates, à savoir: Trouver un parti politique, naviguer selon les règles électorales souvent opaques, constituer une équipe efficace, assurer le financement et faire face à la violence.
Deuxième Panel : Les regards croisés sur les axes des réformes

Le deuxième panel a été enrichi par les interventions de Luc Lutala, Fifi Baka et Grâce Lula, Coordinatrice nationale du CAFCO. Cette dernière a présenté quatre axes stratégiques pour les réformes électorales :
1. Inscription des femmes sur les listes des candidatures ;
2. Sécurisation (sécurité physique et protection des voix) ;
3. Contentieux électoraux (problèmes liés aux procurations spéciales) ;
4. Médiation des conflits électoraux (intégration dans la loi électorale).
La Coordinatrice du CAFCO Lula a également évoqué un groupe technique dédié à la sécurisation des élections qui existe depuis 2006 mais qui semble méconnu et sous-utilisé.
Troisième Panel : Quelles perspectives pour les réformes électorales favorables à l’accès aux institutions électives

Ce dernier panel a réuni le Sénateur Justin Kalumba, le Professeur Gaspard Ngondakoy et Joséphine Ngalula de la CENI. Au nom du Président de la CENI, Josephine Ngalula a mis l’accent sur le quatrième pilier du Plan stratégique opérationnel consacré à l’inclusivité. Elle a plaidé pour une prise en compte systématique des femmes, des jeunes, des peuples autochtones et des personnes vivant avec handicap tout au long du processus électoral.
La session interactive qui a suivi a permis aux participants de soulever diverses préoccupations concrètes. Plusieurs recommandations ont émergé pour améliorer qualitativement et quantitativement la participation des femmes ainsi que d’autres groupes souvent marginalisés dans le processus électoral.
Un appel à l’action

Il est impératif d’inverser la tendance actuelle qui démontre une sous-représentation alarmante des femmes dans les instances décisionnelles. Environ 17 % au parlement, moins de 10 % dans les assemblées provinciales, 19 % au sein des conseils municipaux et seulement 5 % à la tête des gouvernorats.
L’activité s’est conclue dans une ambiance conviviale et déterminée à œuvrer pour un avenir où chaque voix comptera véritablement. Une rencontre qui a bien illustré le besoin urgent d’adopter des réformes structurelles afin d’assurer une représentation équitable et efficace des femmes dans le paysage politique congolais.
Thérèse Bukasa