330.000 élèves filles des provinces éducationnelles du Nord et Sud-Kivu, dans la partie orientale de la RDC, sont actuellement en dehors du circuit scolaire et exposées aux violences sexuelles suite à la présence des militaires rwandais et des terroristes de la coalition M23/AFC, a rapporté le communiqué de l’UNICEF rendu public lelundi 17 février 2025.
Selon elle, toutes ces élèves filles sont désormais déscolarisées, avec le risque que plusieurs subissent des violences sexuelles et ne retournent plus à l’école.
Face à l’intensification de la violence et des mouvements de déplacés dans les villes, territoires et villages conquis par les occupants rwandais et leurs supplétifs, l’UNICEF a appelé à des mesures d’urgence pour sauver l’année scolaire des élèves filles.
Jean François Basse, Représentant par intérim de l’UNICEF en RDC, a signalé sans peur d’etre contredit que la situation est scandaleusedans ces provinces éducationnelles.
Pourtant, c’est l’éducation et tout l’accompagnement qu’elle offre qui permet aux enfants de retrouver un semblant de vie normale, de se reconstruire et d’envisager l’avenir après ce conflit, mentionne-t-on dans le dit communiqué.
Une léthargie dans la reprise des cours à Goma…
Le communiqué de l’UNICEF a en plus indiqué que dans la ville de Goma, capitale du Nord-Kivu, les cours peinent toujours à reprendre depuis trois semaines suite aux combats armés entre les FARDC et l’armée rwandaise.
Quoique certaines écoles de Goma, a relevé l’UNICEF, aient rouvert leurs portes le 10 février, très peu d’élèves ont repris les cours, car, de nombreux parents craignant une situation sécuritaire qui n’évolue pas.
Il sied de soulever qu’en période de crise, a tenu à rappeler l’organisme onusien spécialisé dans la protection des droits del’enfant, l’école joue un rôle fondamental et elle maintient une certaine stabilité et fournit un espace sécurisé qui protège les enfants de recrutement par des groupes armés ou des violences sexuelles. Les écoles peuvent également offrir aux enfants ayant subi des traumatismes, un accès à un soutien psychosocial
Nonobstant ce tableau noir, l’UNICEF a émis le vœu de soutenir la continuité de l’éducation dans l’Est de la RDC en collaborant avec ses partenaires pour mettre en place des espaces d’apprentissage temporaires et distribuer du matériel scolaire ainsi que des kits d’hygiène et d’assainissement.
L’UNICEF, à travers ce communiqué, envisage également de mettre en place des modalités d’éducation par radio et des programmes d’apprentissage accéléré pour atteindre les enfants les plus éloignés et marginalisés.
Avec la présence des mines et des munitions non explosées autour de Goma, y compris à l’intérieur ou à proximité des écoles, l’UNICEF compte mener des actions de sensibilisation aux dangers liés aux engins explosifs.
L’apport de l’UNICEF dans l’Est de la RDC en proie à des attaques armées…
«Au cours de ces deux dernières années, nous avons beaucoup investi dans des structures d’apprentissage au niveau des sites de personnes déplacées autour de Goma», a souligné Jean François Basse dans le communiqué.
«Mais celles-ci sont maintenant quasiment vides, et nous craignons énormément que les enfants déplacés à plusieurs reprises ne retournent jamais à l’école. », a prévenu l’UNICEF.
Dans le cadre de son appel humanitaire global, l’UNICEF a, par ailleurs sollicité dans le communiqué, 52 millions de dollars pour répondre aux besoins éducatifs urgents de 480.000 enfants.
En appellant toutes les parties au conflit à respecter les établissements scolaires et les infrastructures civiles, conformément à leurs obligations en vertu du droit international, et à cesser immédiatement toute utilisation des établissements d’enseignement à des fins militaires.
L’UNICEF a fait observer qu’avant même cette récente escalade du conflit, le système éducatif dans l’Est du pays, était déjà sous une immense pression, notamment en raison du nombre élevé de personnes déplacées dont plus de 6,5 millions de personnes, dont 2,6 millions d’enfants, ont été contraintes de fuir leur foyer dans la région.
Depuis le début de l’année, selon le constat fait par l’UNICEF, les violents affrontements ont entraîné la fermeture de plus de 2.500 écoles et espaces d’apprentissage dans les provinces du Nord et du Sud-Kivu, y compris dans les camps des déplacées.
‘’Entre les écoles fermées endommagées, détruites ou transformées en abris, 795.000 enfants sont désormais privés d’éducation contre 465.000 en décembre 2024. En incluant la province éducationnelle de l’Ituri, plus de 1,6 million d’enfants dans l’est de la RDC sont actuellement déscolarisés’’, indique-t-on dans le communiqué.
En réalité, des milliers d’enfants supplémentaires sont privés d’éducation, alors que la crise sécuritaire ne cesse de s’aggraver dans l’Est de la République Démocratique du Congo suite à la non cessation des attaques armées.
Serge Musene