Médecins Sans Frontières (MSF) a déploré, à travers un communiqué de presse rendu public, le lundi 18 novembre 2024, les conditionsinsalubres et l’incessante pénurie d’eau potable, qui mettent en dangerla vie des populations, atteignant des niveaux critiques dans plusieurscamps informels des déplacées autour de Goma, dans la province du Nord-Kivu.
À cet effet, MSF a exhorté les organisations humanitaires disposantd’une expertise en hygiène, eau et assainissement, à prendre desmesures immédiates et durables pour faire face à cette crise catastrophique et prévenir les épidémies potentiellement mortellesdans ces camps qui s’étendent rapidement.
Le conflit en cours au Nord-Kivu entre différents belligérants, a souligné MSF, entraîne une augmentation massive du nombre depersonnes fuyant leurs foyers au cours de ces deux dernières années. »Les déplacements ont pris de l’ampleur en fonction de l’intensité des combats atteignant en septembre dernier, environ 645.000 personnes dans des camps déjà surpeuplés aux environs de Goma ».
»Nos équipes continuent de constater les effets dévastateurs desconditions de vie précaires auxquelles sont confrontées les famillesdéplacées », a déclaré, Natàlia Torrent, Cheffe de mission de MSF au Nord-Kivu. »Plusieurs mois après le dernier afflux massif depersonnes en février 2024, l’accès à l’eau potable, aux latrines et auxdouches reste un défi quotidien majeur pour les personnes déplacées,en particulier, dans les camps improvisés ».
»Lorsque nous sommes arrivés ici, notre plus grande préoccupationétait l’accès à l’eau pour boire, nettoyer, cuisiner ou nous laver », a expliqué, Kahindo Salumu, l’un des déplacés, qui a fui les violencesdans son village et vit aujourd’hui avec ses sept enfants dans le campde Rugo, à la périphérie de Goma. »MSF nous fournit de l’eau potable,mais ce n’est pas suffisant. Je puise trois jerrycans d’eau par jour, maisà la tombée de la nuit, nous utilisons chaque goutte », a déploré, ce père de famille très meurtri.
Toujours dans ce communiqué, MSF a indiqué que depuis deux ans, il joue un rôle clé en tant que fournisseur d’eau dans les camps qui environnent Goma, investissant considérablement dans lesinfrastructures sanitaires, y compris, dans le systèmed’approvisionnement en eau alimenté par l’énergie solaire ou encore dans une station de pompage d’eau et une usine de traitement desboues fécales.
Pour répondre au dernier afflux de personnes déplacées et éviterd’exercer une pression sur les ressources existantes, MSF a informé qu’il a investi récemment dans des activités d’eau et d’assainissementdans sept des camps informels, situés à la périphérie ouest de la ville,abritant environ 134.000 personnes.
Nonobstant cet investissement colossal, a rappelé MSF, les donnéescontinuent de mettre en évidence des lacunes alarmantes dans lesservices d’eau et d’assainissement.
Le mois dernier, souligne le communiqué du MSF, les personnesdéplacées dans les camps autour de Goma n’ont reçu en moyenne que7,8 litres d’eau par personne et par jour, certains camps ne recevantque 2 à 4 litres par personne. Cela est bien inférieur aux exigencesinternationales en matière d’urgence qui préconisent 20 litres parpersonne et par jour, s’indigne MSF.
Risques liés à l’insalubrité
»Ce niveau extrême d’insalubrité reste alarmant, d’autant plus qu’ilprésente de graves risques de propagation de maladies infectieusestelles que la Mpox, ainsi que des maladies transmises par l’eau commele choléra », a fait savoir Natàlia Torrent.
»En 2022-2023, de multiples épidémies de choléra se sont propagéesdans la région, tandis que les premiers cas de Mpox ont déjà étéidentifiés en 2024 parmi les personnes déplacées ».
Outre la pénurie d’eau, le nombre de douches et de latrinesfonctionnelles est largement insuffisant pour répondre aux besoins dela population déplacées. Certains camps de fortune ne disposent qued’une seule douche pour 145 personnes, tandis que les équipes de MSFont signalé dans le communiqué que dans certains camps, 50 % deslatrines sont soit en panne, soit à moitié pleines. Les premières latrinesont été installées en urgence. Elles se remplissent donc généralementen un mois, ce qui les rend intenables à long terme.
»Nous n’avons pas assez d’installations sanitaires, notamment des latrines », a révelé Venasiya Rwata, qui vit dans le camp de Sam Samavec ses sept enfants. »Nous sommes parfois obligés de quitter notrezone pour aller nous soulager dans des endroits plus éloignés ducamp ».
Les femmes exposées aux violences sexuelles
Le fait d’être obligé de chercher des installations sanitaires dansd’autres camps ou dans des endroits plus éloignés, expose les femmeset les enfants à la criminalité et à la violence sexuelle, très fréquentes dans les camps.
Malgré la persistance du conflit armé, signale-t-on dans le communiqué, les équipes de MSF en charge de l’eau et del’assainissement se sont concentrées sur la constructiond’infrastructures d’urgence plus solides, un modèle de latrines plusdurable.
« Au cours des derniers mois, MSF a construit 2.334 latrines et 1.379douches supplémentaires. Nos équipes s’efforcent égalementd’augmenter la capacité des systèmes d’approvisionnement en eau etdes sites de traitement des boues de vidange gérés par d’autresorganisations ».
En dépit des appels répétés de MSF à la mobilisation, la réponsehumanitaire reste entravée par le manque de coordination et definancement des organisations sur le terrain. Cela a entraîné de graveslacunes dans la réponse aux besoins humanitaires, particulièrement, enmatière d’eau et d’assainissement.
Du fait de la crise qui perdure, MSF a exhorté le gouvernement, lesdonateurs internationaux et autres organisations à intensifier leursefforts et à prendre en charge les activités d’approvisionnement en eauet d’assainissement dans les camps des déplacés au Nord-Kivu.
MSF soutient qu’une action immédiate et durable est nécessaire dèsmaintenant pour éviter une crise de santé publique.